Listée, depuis toujours, au rang des pays à la facture alimentaire particulièrement coûteuse, l'Algérie présente,dans ce registre, un profil aux facettes contrastées. Pour être un gros importateur de blé et d'une somme d'autres produits alimentaires, elle n'en finit pas d'inscrire la note de son «alimentation» au premier chapitre de ses dépenses budgétaires. En 2009, les importations céréalières de l'Algérie ont tourné autour de 5,2 millions de tonnes contre 6,3 millions en 2008 et 5,8 en 2007. Des volumes moindres que ceux de l'Egypte (8,2 en 2009, 9,9 en 2008 et 7,6 en 200), mais supérieurs aux importations du voisin marocain (1,7 en 2009, 3,7 en 2008 et 4,1 en 2007). Par tête d'habitant, l'Algérie est l'un des premiers consommateurs de blé et autres céréales dans la région. Chaque Algérien consomme annuellement l'équivalent d'une quarantaine de dollars pour ses besoins en céréales. Ce faisant, il est le troisième importateur en blé de la région Mena, derrière le Libyen (plus de 80 dollars/an), l'Israélien (75 dollars environ) et le jordanien (quelque 65 dollars). Le Tunisien en importe 38 dollars environ et le Marocain 23/24 dollars. Comparée à une majorité de la région «Middle East North Africa», la vulnérabilité de l'Algérie à la dépendance céréalière est moins contraignante. C'est ainsi que s'apprécie en tout cas son profil céréalier au miroir de l'Institut de prospective du monde méditerranéen (Ipemed). Parce qu'elle repose sur une capacité «budgétaire saine», selon la propre formule utilisée dans le rapport de l'Ipemed, l'Algérie n'est pas exposée à une grande vulnérabilité en matière de sécurité céréalière. Elle se trouve dans une posture similaire à celle de tous les pays pétroliers du Golfe (Arabie saoudite, Qatar, Emirats arabes unis, Koweït, Bahreïn et Oman), l'Irak (malgré une situation conflictuelle sans fin) et la Libye (le rapport a été élaboré avant la chute du régime de Kadhafi). A l'autre bout du panorama céréalier arabe, neuf pays vulnérables à l'insécurité céréalière parce que confrontés à de sérieuses tensions budgétaires : Egypte, Maroc, Tunisie, Soudan, Syrie, Jordanie, Liban, Yémen et Djibouti. Si les premier pays (monarchies du Golfe, Algérie, Libye et Irak) «présentent des surplus budgétaires pouvant encore couvrir leurs besoins céréaliers et amortir ainsi leur dépendance externe», les autres «ne peuvent pas se permettre d'être enfermés dans une telle situation». C'est, entre autres, le cas de la Jordanie, de la Tunisie, du Maroc et du Liban qui «semblent arbitrer difficilement entre des déficits budgétaires élevés et une forte dépendance aux importations de céréales». A l'instar d'autres pays de la région Mena, l'Algérie s'emploie, au prix d'un volontarisme, à développer la production céréalière, mais sans pouvoir tirer à la baisse sa facture. Dépendante de l'importation, elle l'est tout comme le sont l'ensemble des pays de l'est et du sud de la Méditerranée (PESM). Leur dépendance en matière céréalière «s'explique par le poids de leurs importations et leur rythme d'accroissement», expliquent les prospectives de l'Ipemed. Entre 1965 et 2005, l'Algérie et le Maroc, soulignent-ils en guise d'exemple, ont multiplié par vingt leurs importations nettes en volume. Les achats de la Tunisie ont été multipliés par treize et ceux de l'Egypte par quatre.