En visite depuis samedi pour un séjour de trois jours en Algérie, Rached El-Ghannouchi, leader du parti islamiste tunisien Ennahdha, a expliqué hier devant un parterre de journalistes, réunis au siège du MSP à Alger, les raisons de sa venue dans notre pays. «Nous ne sommes pas ici pour exporter la révolution tunisienne qui, de toutes les manières n'est pas destinée à être exportée, encore moins pour l'Algérie qui est elle-même un pays de la Révolution», a-t-il indiqué. Et de poursuivre : «Nous souhaitons en revanche exporter notre modèle islamiste», a-t-il martelé non sans provoquer l'étonnement de plusieurs représentants des médias. El-Ghannouchi s'explique ensuite sur les caractéristiques de ce modèle islamiste qu'il entend propager en dehors du territoire de la Tunisie, en Algérie notamment. «C'est un modèle serein qui se démarque de la pratique du terrorisme et du racisme. Notre modèle favorise également l'art et la création et se démarque complètement des appréhensions soulevées ici et là par des démocrates au sujet de l'islamisme politique», a-t-il déclaré. Ces propos du leader tunisien d'Ennahdha auréolé, faut-il le rappeler, de la victoire de son parti à l'élection de l'Assemblée constituante en Tunisie, ont précédé la réunion de travail à huis clos qui devait le regrouper avec les dirigeants du Mouvement de la société de la paix (MSP) que préside Bouguerra Soltani. Pour la presse algérienne Rached El Ghannouchi a aussi précisé qu'il est venu en Algérie sur invitation du président de la République Abdelaziz Bouteflika. Une rencontre entre le chef d'Etat et le leader d'Ennahdha qui prône un islamisme modéré et défenseur des libertés est, en effet, prévue pour aujourd'hui, conformément au programme de sa visite qui, précise-t-on ne revêt pas un caractère officiel mais simplement «d'amitié». Rached El-Ghannouchi, qui ajoute que sa venue en Algérie obéit également à l'idée de tirer profit de l'expérience algérienne en termes d'ouverture démocratique, informe en outre de l'installation dans les prochaines 24 heures de la première Assemblée constituante en Tunisie. Cette Assemblée qui sera majoritairement composée des militants d'Ennahdha inclura aussi dans sa composante des militants issus du parti du Congrès pour la République et le parti Ettakatul.
Le deuxième homme d'Ennahdha, futur Premier ministre en Tunisie C'est de cette Assemblée constituante que sera désigné ensuite le gouvernement tunisien dont le poste de Premier ministre sera confié à Hamadi Djabali, deuxième homme du parti Ennahdha, a encore déclaré Rached El Ghannouchi. Selon ce dernier, aussi bien l'installation de l'Assemblée constituante que la désignation des membres du gouvernement en Tunisie sont deux opérations qui vont être finalisées dans les heures qui suivent. «Il ne reste que quelques retouches ultimes qui ont trait notamment au partage des portefeuilles ministériels entre Ennahdha et ses alliés et le tout sera finalisé dans les prochaines 48 heures», a précisé le leader d'Ennahdha. Il rassure en outre que le régime policier de Ben Ali qui a tant opprimé les Tunisiens et mis dans l'embarras les visiteurs de la Tunisie, les musulmans en premier lieu, est à jamais banni», a déclaré l'hôte de l'Algérie. Pour sa part, le président du MSP Bouguerra Soltani a indiqué que la Tunisie fait face actuellement a deux défis majeurs. Le premier se rapporte à l'idée de la stabilité qu'il faudrait instaurer dans ce pays et le second concerne le développement, a t-il énuméré. Outre sa rencontre avec Bouguerra Soltani, des entretiens avec les présidents des deux chambres parlementaires, le SG du FLN, Abdelaziz Belkhadem ainsi qu'une rencontre avec le chef de l'Etat sont inscrits au menu du leader d'Ennahdha en Algérie.