Les ruptures de stock de médicaments pour les insuffisants rénaux sont de plus en plus fréquentes, selon Mohamed Boukhars, président de la Fédération nationale des insuffisants rénaux (FNIR). Il nous a précisé que les médicaments comme Unalpha, Calcium, Reinagel, la vitamine B6 ainsi qu'une pommade anesthésiante et certains accessoires vitaux pour les malades, comme les prothèses, font également défaut, a-t-il signalé. Le coût de ces accessoires médicaux, utilisés par les insuffisants rénaux dont les artères et les veines ne répondent plus au traitement de dialyse, est de 700 euros, estime M. Boukhars. Ce problème, qui pénalise des milliers de malades, est dû à la mauvaise gestion et à la politique du laisser-aller, a regretté notre interlocuteur. Cela aussi bien au niveau de la tutelle que les directions de la santé (DSP) de wilaya et des centres d'hémodialyse dont le nombre est de 260 à travers le pays. «Ils (les responsables du secteur) accusent les fournisseurs alors qu'ils sont à l'origine de cette situation», dénonce-t-il, en pointant du doigt la pharmacie du ministère qui devait assurer l'approvisionnement en médicament, tout cela au détriment des malades qui souffrent quotidiennement, regrette-t-il. Actuellement, 14 000 hémodialysés sont exposés au risque à cause de ce mépris, souligne-t-il. La prise en charge de ces malades dans les centres de santé laisse à désirer puisque des médecins traitants font semblant d'ignorer certaines règles comme le respect des horaires d'affectation d'hémodialyse et la stérilisation du matériel. Ce qui complique davantage la situation, selon M. Boukhars. Il faut dire, fait-il remarquer, que le traitement de cette maladie est excessivement cher. La prise en charge quotidienne des insuffisants rénaux coûte environ 70 millions DA. Il s'agit là de séances d'hémodialyse, précise-t-il, tout en faisant savoir qu'un patient a besoin de trois séances par semaine de 4 heures chacune. La situation est vraiment tragique si on prend compte de la complexité des traitements et de la réalité du terrain, s'alarme-t-il. Evoquant le manque de sensibilisation sur cette maladie, le président du FNIR indique que les malades rénaux arrivent parfois au stade final d'insuffisance rénale chronique sans le savoir. Dans ce cas, on parle d'une solution alternative. Il s'agit de la greffe rénale qui «s'impose». Une transplantation de rein revient beaucoup moins cher que la dialyse, malheureusement, le manque de greffons ou leur rareté fait que beaucoup de patients sont en attente d'une âme charitable, avait indiqué dernièrement le Dr Tahar Rayane, directeur de l'Association algérienne de dialyse du rein et de transplantation (SANDT). Le nombre de greffes par an ne dépasse pas la centaine, alors que les besoins sont estimés à 500 greffes par an, avait-il estimé. 1000greffes ont été réalisées en Algérie depuis 1986, date de la première transplantation rénale, selon M. Rayane.