La wilaya de Tlemcen connaît une affluence considérable en matière de demande d'obtention du permis de conduire de la catégorie «lourd». Un intérêt grandissant expliqué par les services de sécurité en charge de la lutte contre le trafic du carburant aux frontières ouest du pays par l'engouement des jeunes désirant «travailler» avec les réseaux de contrebande de carburant. «Cela rapporte gros», commentent-ils. «Chaque conducteur de ces camions dont les réservoirs sont remplis de carburant destiné à être passé au-delà des frontières ouest, gagne quotidiennement 7000 DA pour trois ou quatre navettes», nous a-t-on expliqué. «Le conducteur gagne, de cette façon, près de 210 000 dinars par mois», précisent-ils. En contrepartie, le bénéfice des propriétaires de ces camions est beaucoup plus important. «Le conducteur d'un camion-citerne faisant dans ce trafic gagne 1,10 million de dinars par mois», nous a-t-on confié. C'est dire l'importance des gains pour les membres des réseaux de ce trafic qui porte lourdement atteinte à l'économie nationale et pénalise les citoyens qui, souvent, ne trouvent pas de carburant dans les stations d'essence, dont des responsables sont accusés de complicité avec les contrebandiers. Sinon, comment expliquer que les trafiquants trouvent toujours du carburant alors que le citoyen, non, souligne-t-on encore. Les trafics sont enregistrés, en particulier à Maghnia et Laârich, selon les investigateurs. Ces derniers ont tenu à nous indiquer que les efforts des pouvoirs publics peinent à être concluant, en raison du laxisme et le non-respect des décisions par tous. A titre illustratif, le wali de Tlemcen avait, rappelle-t-on, émis une décision interdisant aux camions-citernes de circuler sans citerne ou remorque pour empêcher le trafic. Les camions sans citerne ni remorque se déplaceraient avec une vitesse supérieure, ce qui faciliterait le trafic, avec un nombre de voyages plus important au-delà des frontières. La décision, notent les enquêteurs, n'est, tout simplement, pas respectée et de nombreux camions circulent, en direction des frontières, sans citerne ni remorque, au su et au vu de tout le monde. Ce qui suscite des interrogations parmi de nombreux citoyens de la région. Les propriétaires des camions utilisent des réservoirs de grande capacité pour faire sortir le plus grand volume possible hors des frontières, ajoutent-on. Les «hallaba» (trafiquants de carburant), comme ils sont appelés dans la région, ne se limitent, malheureusement, pas à ce trafic puisque les forces de sécurité ont enregistré des accidents provoqués par l'excès de vitesse pour faire le maximum de voyages. C'est ainsi que plusieurs personnes parmi les usagers de la route ont été mortellement percutées par ces «engins». Des sources font état de terroristes repentis qui feraient partie des réseaux, utilisant des milliers de véhicules. Le gain réalisé par les trafiquants constitue des sommes importantes échappant à tout contrôle de l'Etat et pouvant être utilisé à des fins inavouables, même si une partie est destinée à ériger des villas somptueuses par des personnes pourtant au chômage. Le taux de chômage et le gain facile et considérable aidant, explique la raison pour laquelle de nombreux jeunes sont enrôlés dans le trafic et le rush enregistré pour l'obtention du permis de conduire de la catégorie «lourd», diront nos sources.