Les redresseurs du Front national algérien (FNA) se sont dits interpellés par la dernière sortie médiatique du président du parti Moussa Touati, qui a affirmé, dans une déclaration à notre journal, que la plainte déposée «par ses détracteurs a été rejetée par la justice». Arif Amor, le président du bureau de wilaya de Tébessa, membre du conseil national, et partie prenante du mouvement de redressement, qui s'est rapproché de notre rédaction, a soutenu : «M. Touati s'est intronisé juge, président de chambre et de tribunal et même premier magistrat du pays pour affirmer que notre plainte, qui compte pas moins d'une dizaine de chefs d'accusations, a été rejetée par la justice». «Une commission, composée de 6 membres, mandatés par pas moins de 135 militants, a déposé une plainte au mois de septembre dernier. Le 27 novembre dernier Moussa Touati devait rendre sa réponse au tribunal de Sidi M'hamed avant que la décision du tribunal ne soit mise en délibération. Son avocat a demandé un report et il doit déposer sa réponse le 11 décembre. Comment prétend-il que notre plainte a été rejetée», affirme notre interlocuteur. Plus explicite, il soutient que la plainte compte plusieurs chefs d'accusation dont dilapidation des biens du parti, faux et usage de faux, abus de confiance et autres. «Il doit expliquer comment des dizaines de milliers de cartes d'adhésion du parti sans numéro de série ont été délivrées sans que des traces de l'argent des cotisations ne soient décelées dans la comptabilité du parti. Il doit expliquer comment est utilisé l'argent du FNA et il doit présenter un bilan comptable dans les plus brefs délais. Il doit également expliquer comment il est arrivé à se constituer un compte dans une banque suisse. Des gérants d'entreprise se sont retrouvés en prison pour moins que ça. La justice est souveraine, elle s'est saisie de notre plainte et elle lui accordera toute l'attention voulue, contrairement aux allégations de Moussa Touati qui prétend qu'elle a été rejetée. Il n'est pas le président du tribunal à ce que je sache», note M. Arif. Pour lui, la réunion du conseil national, prévue les 9 et 10 décembre, est un non-événement. «Une commission est en train de préparer la tenue d'un congrès extraordinaire. Moussa Touati sera sommé alors par les militants de répondre de toutes les accusations portées contre lui», note M. Arif. Pour sa part, cité également dans la déclaration de M. Touati, Zerrouki Mohamed, le président du Front national pour les libertés, s'est déclaré surpris. Le président du FNA est en train de faire fausse route. J'ai pris mes distances d'avec le FNA et, aujourd'hui, s'il fait face à une fronde de ses militants, il n'a qu'à l'affronter. Ses militants veulent le poursuivre en justice, il doit se montrer courageux et surtout convainquant devant le tribunal de Sidi M'hamed», dira-t-il.