Alors que des associations montent au créneau pour dénoncer un projet de loi «contraire à la Constitution et aux engagements internationaux de l'Algérie», le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Daho Ould Kablia, a affirmé, hier, que l'Etat algérien adopte à l'encontre des organisations étrangères le système de «réciprocité», révélant qu'il est interdit aux associations étrangères de s'ingérer «dans les affaires internes du pays» ou d'organiser une quelconque manifestation à même de «troubler l'ordre public». «L'ingérence dans les affaires internes du pays signifie l'ingérence dans les affaires politiques, qui touchent à l'ordre public et à la souveraineté nationale», a expliqué, hier, le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Daho Ould Kablia, qui répondait aux interrogations des membres du Conseil de la nation qui débattaient le projet de loi organique relative aux associations. L'Algérie, qui a ratifié la quasi-totalité des conventions internationales, a le plein droit, selon Ould Kablia, de procéder par la «réciprocité», en termes d'application des lois. Dans ce sens, le ministre précisera que les associations étrangères ne peuvent en aucun cas organiser des manifestions publiques à même de troubler l'ordre public. «Il est inconcevable que des associations appellent à une manifestation de nature à même de nuire à la stabilité du pays», déclarera le ministre en marge de la même plénière, rappelant au préalable, lorsqu'il répondait aux membres du Conseil de la nation, trop peu nombreux à intervenir, que les conventions internationales ne constituent pas un ancrage juridique, «car nous avons déjà des textes qui vont dans le même sens», a expliqué le ministre, qui précisera que le cas échéant, d'autres textes viendront qui seront «conformes» aux dites conventions. Les associations algériennes de droit étranger, à l'instar de la mosquée de Paris, ont une relation «conventionnelle» avec l'Algérie, précisera Ould Kablia. A une question du Temps d'Algérie sur le rejet du texte par certaines associations nationales qui trouvent qu'il est inconstitutionnel et non-conforme aux engagements internationaux de l'Algérie, Ould Kablia dira que ce n'est qu'un groupuscule d'associations qui ne représentent qu'elles-mêmes. «Elles ont le droit de dire ce qu'elles veulent», nous répondra Ould Kablia. Le ministre de l'Intérieur a, par ailleurs, rappelé à propos du financement des associations par l'Etat qu'il n'est pas uniquement du ressort de son département dans la mesure où, les associations qui activent dans divers domaines, peuvent aussi être financées par les départements ministériels dont elles dépendent. Elles peuvent être financées par des «privés», pour peu que ces derniers ne conditionnent pas leurs dons et l'Etat n'intervienne que pour les financements publics. «Toutes les subventions publiques octroyées aux associations sont passibles de contrôle par la Cour des comptes», a précisé Ould Kablia. Les comités de soutien n'ont pas de raison d'être S'agissant de la soumission des associations à caractère religieux à une «loi spécifique», le ministre indiquera que les associations estudiantines tout comme les associations de jeunes sont aussi soumises aux mêmes lois. «Il est anormal qu'une association estudiantine soit dirigée par un extra universitaire ou une association de jeunes par un sexagénaire», fera remarquer le représentant du gouvernement qui rappellera les dispositions du texte qui constituent, pour lui, «la structure où se cristallisent idées, théories, propositions et initiatives qui permettent de dynamiser la vie associative et promouvoir le civisme». A propos des «comités de soutien» qui fleurissent à la veille des élections, Ould Kablia affirmera que ces derniers agissent de manière informelle. «Pour nous, ce ne sont pas des associations», a-t-il ajouté. Avant d'expliquer, par ailleurs, que l'administration ne joue qu'un «rôle intermédiaire» dans l'organisation du mouvement associatif, qui pourrait à ses yeux jouer un rôle «politique».