Les travailleurs grévistes de la laiterie de Draâ Ben Khedda à Tizi Ouzou interpellent le président de la République afin qu'il intervienne dans ce conflit qui dure depuis plus de deux mois. Le collectif des travailleurs qui s'insurge dans un communiqué rendu public hier contre «l'utilisation de la force publique pour régler un problème social» se dit toujours attaché à ses revendications quant à l'envoi d'une commission d'enquête IGF et la reprise par l'Etat de la laiterie. «Nous en appelons encore une fois à notre président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika, pour intervenir dans ce conflit qui n'a que trop duré», peut-on lire dans le même document. Selon les travailleurs, une solution «légale» reste envisageable pour en finir avec ce débrayage, mais aussi mettre fin à leur calvaire et celui de leurs familles. Il s'agit du «recours à l'article 76 de la loi de finances 2009 qui donne le droit à l'Etat de reprendre les actifs de toute entreprise privatisée qui n'aura pas respecté ses engagements», écrivent les rédacteurs du communiqué. «C'est aussi simple que ça», nous dira un représentant, ajoutant que «les grévistes ne sont pas des perturbateurs, mais des gens jaloux de leurs biens et de ceux appartenant à l'Etat». «Nous ne demandons que l'application des lois de la république», dit-il. Le collectif des travailleurs se félicite de la venue d'une commission mixte jeudi dernier. Cette dernière est, faut-il le rappeler, constituée d'un représentant du group public Giplait et de représentants du ministère de l'Industrie. La commission a constaté et vérifié, ajoute le collectif «la véracité des faits reprochés au repreneur de l'entreprise qui n'a pas respecté le cahier des charges et qui a multiplié les infractions commerciales et les pratiques frauduleuses». S'agissant des incidents qui ont émaillé l'intervention de la force publique lundi, les travailleurs ont tenu à informer l'opinion publique que «le wali de Tizi Ouzou avait promis de ne pas utiliser la force publique contre les travailleurs de la laiterie de Draâ Ben Khedda». C'est pourquoi ils s'interrogent sur «les raisons de cette subite et inattendue utilisation des forces de police venues déloger les grévistes». L'action d'évacuation de lundi est intervenue sans la moindre notification aux travailleurs, sachant que 39 parmi les 56 employés licenciés attendent leur jugement le 12 janvier prochain.