Le procès des islamistes accusés de l'enlèvement en 2003 de 32 touristes européens, dont certains furent libérés contre une rançon de 5 millions d'euros, s'ouvre demain au tribunal criminel près la cour d'Alger. En effet, ce dernier commencera à juger Youcef Benmohamed, un berger touareg malien et Amar Gherbia, un Algérien habitant Biskra, poursuivis pour le chef d'inculpation d'appartenance à groupe terroriste armé, commerce d'armes et enlèvement d'étrangers. Selon des sources proches du dossier, les accusés risquent la perpétuité. «Les deux accusés étaient le principal maillon du commerce des armes et de l'enlèvement en 2003 de 32 touristes européens dans le Sahara». Mais le procès le plus attendu est celui de l'Algérien Kamel Djermane, premier complice de l'instigateur de l'opération, Amari Saïfi, dit Abderrezak El Para. Djermane comparaîtra devant le même tribunal le 24 janvier, également pour appartenance à groupe terroriste armé, commerce d'armes et enlèvements d'étrangers. Pour rappel, Alger avait identifié à l'époque Abderrezak Para, numéro 2 du groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC), devenu Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) en 2006. Kamel Djermane a participé aux enlèvements et assisté à la libération des 14 derniers otages en 2003 dans le nord du Mali contre 5 millions d'euros de rançon. «Le Para» a été remis aux autorités algériennes par la Libye après son arrestation en 2004 par des rebelles tchadiens qui l'avait revendu à Tripoli. De son côté, l'avocat de Djermane a déclaré : «Je vais demander au tribunal la comparution d'El Para, puisqu'il est le commanditaire de l'opération selon l'arrêt de la chambre d'accusation». La traque aux touristes étrangers Un autre procès d'islamistes non identifiés impliqués dans l'affaire est programmé le 1er février devant le même tribunal. L'enquête des services de sécurité a révélé que 30 hommes dirigés par El Para et Abdelhamid Abou Zeid – Mohamed Ghdir de son vrai nom – ont tendu une embuscade à des véhicules en route vers les montagnes du Tassili. Selon des enquêteurs, «trois Allemands à moto ont été enlevés dans un premier temps, puis quatre Suisses, 2 hommes et 2 femmes à bord d'un 4X4 et enfin quatre Allemands à moto». Ces 11 otages ont ensuite été conduits au quartier général des ravisseurs du Tassili. Selon les déclarations de Djermane, El Para a informé ses hommes «qu'il comptait garder les otages pour réclamer des rançons». Trois jours après l'opération, quatre autres Allemands sont pris dans une embuscade dirigée par El Para lui-même et rejoignent le premier groupe. Ce dernier aurait informé ses hommes de la prise d'un troisième groupe de 17 touristes (six Allemands, 10 Autrichiens et un Suédois). L'enquête révèle que El Para a quitté son refuge peu avant l'assaut de l'armée algérienne qui a libéré ces 17 otages en mai 2003. Il a fait conduire les 15 autres otages au Mali où il a sollicité la médiation de tribus pour négocier leur libération. Le groupe a choisi le chef tribal Iyad Afghali comme médiateur, alors que Bamako a chargé le gouverneur de la province de Gao de négocier avec lui. Il a ensuite remis les 14 otages au gouverneur à 100 km de la frontière algérienne, selon des sources officielles, contre une rançon de 5 millions d'euros. Cet argent a permis à El Para «d'acquérir des armes au Mali», selon la même source.