Le procès opposant le secrétaire général du Syndicat autonome des travailleurs de l'éducation et de la formation (Satef), Boualem Amoura, à la direction de l'éducation de la wilaya de Tizi Ouzou s'est déroulé hier au tribunal pénal de la même ville. L'affaire a été mise en délibéré au 22 janvier, alors que le procureur de la République n'a requis aucune peine, mais simplement l'application de la loi. Présent à l'audience, le secrétaire général du Satef, qui répondait aux questions du juge, est allé jusqu'à demander une commission d'enquête pour dévoiler, dit-il, «les irrégularités et dépassements» au niveau de la DE de Tizi Ouzou. Cette dernière n'a été représentée, faut-il le souligner, que par son avocat. A l'extérieur du tribunal, plusieurs syndicalistes, militants des droits de l'homme et représentants du collectif des travailleurs de la laiterie de Draâ Ben Khedda en grève depuis plus de trois mois ont tenu à venir apporter leur soutien à Amoura, mais aussi pour dire «halte aux atteintes à la liberté syndicale». Le collectif d'avocats constitué volontairement par le bureau de wilaya de la LADDH pour la défense du syndicaliste a plaidé la non-recevabilité de la plainte déposée par la direction de l'éducation. Selon le même collectif, les déclarations du secrétaire général du Satef entrent dans le libre exercice de ses droits syndicaux et ne constituent en aucun cas une diffamation. La guerre est déclarée, rappelons-le, entre le syndicaliste et le DE de la wilaya, Noureddine Khaldi, suite aux accusations du premier contre le second, de mauvaise gestion de la direction de l'éducation, du refus de recevoir les partenaires sociaux et les associations de parents d'élèves, de versement de salaires à des ex-travailleurs se trouvant à l'étranger, ou encore des irrégularités qui entourent le service paie. Soulagement et dénonciation au Satef Dans une déclaration du Conseil national du syndicat, rendue publique hier, tout en exprimant son soutien à son SG, le Satef considère que «la plainte déposée par la direction de l'éducation de Tizi Ouzou relève des pratiques d'un autre âge visant la restriction des libertés syndicales qui dénoncent avec courage les agissements de certains services ou intérêts personnels, sans le moindre respect de l'éthique ou des lois». À cet effet, est-il écrit, «le Satef appelle le ministère de l'Education à envoyer d'urgence une commission d'enquête pour déterminer les tenants et aboutissants de cette plainte contre son SG, alors que les lois de la République protègent les syndicalistes, notamment le statut de la Fonction publique et la loi 90/14 sur la représentation syndicale». Joint par nos soins à l'issue du procès, Boualem Amoura s'est dit «soulagé» par le cours des événements, mais regrette que «les preuves ne soient pas rendues publiques». Plus explicite, il s'étonnera qu'au sujet des noms de cadres du secteur qui continuent à percevoir leurs salaires alors qu'ils sont à l'étranger, «le juge ait demandé si des noms sont en notre possession, mais sans vouloir les dénoncer !» Le Satef, ajoute notre interlocuteur, «demeure confiant en la justice algérienne pour que la vérité éclate, et que les tricheurs et les corrompus soient démasqués».