Jeudi dernier et suite au mouvement de protestation des habitants du bidonville du quartier appelé Bateau Cassé, à l'est d'Alger, le chef de cabinet de la wilaya d'Alger s'est déplacé sur les lieux. «Il nous a promis une solution d'ici mercredi prochain», affirme un des citoyens résidant de ce bidonville (Bateau Cassé, Bordj El Kiffan), situé en bordure de mer. «Si, mercredi, nous ne sommes pas relogés, nous occuperons la rue», ont annoncé certains de ces habitants, usés par les conditions lamentables dans lesquelles ils vivent. «Le wali a même annoncé, à travers les ondes de la radio, son intention de reloger les habitants dans un délai très proche», ont indiqué les citoyens rencontrés sur les lieux et qui ne semblaient pas décolérer. «Le tramway sera ciblé et la route sera prise en otage», a vociféré un des habitants, les pieds dans la boue et dont l'habitation est submergée par les eaux pluviales et les eaux de mer qui remontent d'une manière incessante. Les éléments de la Protection civile avaient fort à faire à l'intérieur de ce bidonville. A l'aide de tuyaux raccordés aux pompes, ils tentaient d'éponger les eaux qui ont envahi les habitations précaires. Des citoyens de tout âges ont déploré le silence des autorités devant les conditions inhumaines dans lesquelles ils vivent. «Nous avons vécu des moments atroces durant les dernières intempéries et une femme a perdu la vie par électrocution, de même qu'un enfant est décédé de froid», rage un homme qui rappelle que «durant l'année 2008, les locataires de ce bidonville, oublié par les autorités, ont vécu des moments identiques», ajoutant : «En plus des eaux de pluie et de la neige, les locataires font face à la montée des eaux de mer qui ont envahi les venelles et les maisons.» En effet, les routes sont boueuses et difficiles à emprunter. Un peu plus loin, une école est fermée suite aux intempéries. «Nos enfants ne se sont pas rendus en classe durant une quinzaine de jours», clament les habitants de ce bidonville dont certains y résident depuis plus de 20 ans. «Suite au mouvement de protestation des habitants réclamant un toit décent pour leurs enfants, les autorités se sont rendues sur les lieux et un des responsables de la gendarmerie a appelé le wali pour lui faire part des conditions lamentables dans lesquelles nous vivons», a tonné un des habitants dont le visage était congestionné par la colère. Toutes les habitations devant lesquelles nous passions étaient inondées. «Les eaux ont atteint des hauteurs hallucinantes et nous avions la phobie de vivre une calamité», ajoute un septuagénaire occupé à écoper l'eau de sa maison à l'aide d'un bidon. A l'entrée du bidonville, une inscription écrite à la peinture invitait les passants «à ne pas s'arrêter et ne pas s'asseoir». Devant notre curiosité, un des jeunes résidants nous a indiqué que «c'est un repenti qui y habite», précisant que «beaucoup de ces jeunes repentis, qui ont été trompés et leurrés, se sont retrouvés dans ce bidonville et certains en famille». Cette localité «a baigné dans les eaux durant les dernières intempéries, en l'absence d'un réseau de canalisations», ajoutant que «les fosses septiques débordent et les odeurs nauséabondes empestent l'atmosphère». Les habitants n'ont pas cessé de se lamenter. Ils sont en colère devant le manque de considération des autorités. Poussés à bout, ils «promettent d'investir la rue et de mettre le feu au tramway si le wali ne tient pas ses promesses mercredi prochain». Une menace qu'ils comptent mettre à exécution.