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Les habitants de haï Colonel Chabou (Dergana) risquent l'expulsion
En raison de la réalisation d'un projet sur leur terrain
Publié dans Le Temps d'Algérie le 06 - 03 - 2012

Recensées par les services de la wilaya depuis 2007, pas moins de 41 familles résidant sur une ancienne terre agricole longeant la route menant à Dergana, à l'est d'Alger, vivent dans l'incertitude.
Une incertitude exacerbée par le projet de construction de 1000 logements et la réalisation d'une clôture métallique par une entreprise chinoise, maître d'œuvre du projet initié par l'Etat.
«Après notre encerclement par des centaines de chalets et suite au relogement des familles qui y habitaient, nous avons le sentiment d'être des laissés pour compte», enrage un père de famille visiblement usé et déçu par le traitement qui leur est accordé par les autorités locales auxquelles ils ont fourni des dossiers, «nourrissant l'espoir d'acquérir un toit décent pour leur progéniture».
«Après la délocalisation des familles vivant dans des chalets érigés tout autour de nos constructions et dont les ruines sont encore visibles, nous vivons une constante menace au vu de la clôture métallique élevée par une entreprise chinoise tout autour du terrain où sont construites nos maisons depuis des dizaines d'années. «Les familles vivant sur les lieux sont dans l'expectative et ne savent plus à quel saint se vouer.»
«Nous avons fait montre d'une grande sagesse lors du déménagement des familles et de la démolition des chalets, et bien que nous ayons été laissés pour compte, nous n'avons effectué aucun mouvement de protestation, espérant que les autorités prennent nos cas en considération», fulminent des responsables de familles sur un ton de détresse. «Nous n'avons d'autre interlocuteur que le président de l'APC qui se contente de rejeter la responsabilité sur les services de la wilaya en affirmant que le terrain appartient à la wilaya».
Sur les lieux, et au bord des routes bitumées, des amoncellements d'immondices dégagent des odeurs nauséabondes. «Les services de nettoyage effectuaient des ramassages mais ont cessé ces opérations depuis la démolition des chalets dont les ruines constituent des foyers de moustiques et des rongeurs», déplorent ces familles qui interprètent cette situation «comme un signe de mépris des autorités». Devant le spectacle qui s'offre à nos yeux, force est de relever le danger permanent qui menace les enfants. Les flaques d'eau stagnantes et la boue mêlée aux eaux usées, visibles en de multiples endroits, constituent incontestablement un vecteur de transmission de maladies.
Se sentant méprisés, les pères de famille dénoncent la situation d'extrême précarité dans laquelle ils vivent et dénoncent également le laxisme des autorités locales. «Quelques jours après la démolition des chalets, les autorités nous ont abandonnés à notre sort», clame un septuagénaire qui ajoute que «lors des travaux de terrassement, les Chinois ont endommagé les canalisations, privant d'eau une grande partie des habitants contraints de se ravitailler en d'autres lieux».
«Ne sommes-nous algériens que lors des élections ?»
Les chefs de famille sont outrés et scandalisés par le fait «qu'ils sont détenteurs de cartes d'électeurs délivrées par les autorités qui les méprisent». Ils s'interrogent «s'ils ne sont algériens que lors des élections ». Soucieux de leur devenir, ils se demandent également si «l'algérianité dont ils sont fiers ne leur donnerait pas droit à un logement décent».
«A la limite, les autorités devraient nous informer si nous sommes concernés par le relogement ou se prononcer autrement, et procéder à la régularisation de notre situation.» Une option difficile à retenir partant du fait que le terrain (un ancien terrain agricole) sur lequel sont érigées leurs constructions fait l'objet d'un projet de réalisation de 1200 logements.
Ce qui, par déduction, les pousse à couver la crainte de se voir expulser. Une option à laquelle ils pensent faire obstacle en affirmant : «si nous sommes menacés d'expulsion, nous recourrons à la protestation et empêcherons les engins de s'introduire sur le terrain». Une menace qu'ils mettront à exécution si, le cas échéant,
«ils sont menacés de quitter les lieux». La tension monte peu à peu et les citoyens de cette localité, plutôt que de s'agiter, «préfèrent se rendre à la mosquée pour y trouver le réconfort et la sérénité». Une mosquée située au milieu du terrain réservé au projet et qui, selon des sources bien informées, «n'échappera pas à la démolition».
«L'état ne jette pas ses enfants à la rue !»
M. Boukabous, président de l'APC par intérim, nous a déclaré à propos de ces familles : «Ces 40 familles vivant dans des constructions illicites ont été recensées en 2007 par les services de la wilaya, dans le cadre de la quantification des constructions illicites», précisant «qu'une commission de la wilaya d'Alger accompagnée par des responsables, notamment du projet,
ont effectué une visite sur les lieux, mais pour notre part, nous avons informé les autorités du droit dont jouissent ces familles d'acquérir un logement». Allant dans le détail, le président de l'APC par intérim en remplacement de l'ex-P/APC, M. Benchabi, relevé de ses fonctions suite à des démêlés avec la justice, nous informe que «lors de cette visite, nous avons sanctionné ce droit sur un procès verbal», concluant :
«C'est à la wilaya d'Alger qu'incombe la responsabilité de reloger ces familles». A la question de savoir si ces dernières feront l'objet d'expulsion, l'élu a répondu : «L'Etat ne jette pas ses enfants à la rue», comme pour confirmer que le cas de ces familles sera étudié au moment opportun. Pour l'heure, les 40 familles vivent dans l'expectative.


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