La presse allemande mélangeait allégrement football, économie et politique vendredi matin, avec une chancelière Angela Merkel érigée en modèle pour la Mannschaft avant le quart de finale contre la Grèce en soirée. "Aujourd'hui à 20H45, il y a un cours de rattrapage pour les Grecs sur l'euro. Les garçons, jouez la comme la chancelière: dur mais juste!", s'exclame le tabloïd berlinois BZ, qui offre en Une à ses lecteurs un poster de l'équipe d'Allemagne avec les visages des onze joueurs remplacés par celui d'Angela Merkel avec différentes expressions. "Aujourd'hui nous ne pourrons pas vous sauver", titre en Une le quotidien populaire Bild, le plus lu d'Allemagne et aussi l'un des plus virulents pour critiquer la Grèce depuis le début de la crise de la dette. Le journal, qui fêtera ce week-end ses 60 ans d'existence, parle du match "le plus difficile de la chancelière" qui assistera à la rencontre dans les tribunes du stade de Gdansk. Bild se demande si Angela Merkel pourra vraiment exprimer sa joie en cas de but de l'Allemagne. "Se montrera-t-elle contenue" ou "se lâchera-t-elle complètement", s'interroge le journal qui se dit par ailleurs certain que le sélectionneur de la Mannschaft "Joachim Löw brisera le béton grec". La Frankfurter Allgemeine Zeitung a choisi pour illustrer sa Une une photo légendée extraite d'un film des Monthy Python, montrant un faux Socrates et un faux Hegel se serrant la main avant le coup d'envoi d'un match de foot. Le quotidien financier prédit d'ailleurs un match de "philosophes" en affirmant qu'en tant que "peuple de poètes et de penseurs, les Allemands égalent les Grecs". La Tageszeitung y voit le match du "créancier contre le débiteur" et illustre son reportage dans un café d'Athènes par un dessin montrant des joueurs qui se demandent comment marquer face à onze parapluies aux couleurs européennes déployés dans le but adverse, dans une allusion aux fonds de secours européens dont bénéficient les Grecs. Alors que certains considèrent que les enjeux dépassent le sport, le Tagespiegel rappelle qu'il "ne s'agit pourtant... que d'un jeu". Mais la Frankfurter Rundschau estime qu'on verra s'affronter "les soldats de l'euro" avec dans un dessin en page intérieure une équipe hellène "hautement motivée" qui n'a qu'une seule et même idée en tête envoyer le ballon dans le visage de la chancelière.