Si l'Italie est à nouveau capable de faire preuve du sang froid affiché lors de la séance de tirs au but contre l'Angleterre, symbolisé par le tir plein de malice d'Andrea Pirlo, les Azzurri auront une chance de surprendre l'Allemagne en demi-finale. Les Italiens ont multiplié les tentatives pendant 120 minutes et, s'ils n'ont jamais trouvé les filets, ils ont montré qu'ils étaient parfaitement capables de produire un jeu séduisant, loin de l'image de nation défensive qu'ils traînent. Du haut de ses 33 ans, Andrea Pirlo a résumé à lui seul l'assurance et l'audace de son équipe au moment de son tir au but, qu'il a converti par une Panenka -un tir tout en douceur en anticipant le plongeon du gardien, sur le modèle du penalty du Tchécoslovaque Antonin Panenka contre la RFA en 1976. Son pari était d'autant plus risqué qu'il avait raté le même geste en match amical face au gardien du FC Barcelone, en août 2010, et qu'il risquait de s'exposer à la risée des supporters du monde entier. "J'ai vu que le gardien (Joe Hart) gesticulait beaucoup et je me suis dit que j'allais tirer comme ça. C'était plus facile", a expliqué le métronome de la Juventus Turin. La différence de classe entre le tir en finesse d'Andrea Pirlo et l'attitude outrancière de Joe Hart a donné un bon aperçu du match, dominé d'un bout à l'autre par l'Italie qui a conservé le ballon et a bien plus tenté sa chance devant les buts. Daniele De Rossi, en tout début de match, et Alessandro Diamanti, après son entrée en jeu en deuxième période, ont tous les deux touché les montants anglais, ce qui en dit long sur les intentions offensives de l'Italie. "L'Italie a joué un grand match de la première à la dernière minute", s'est félicité Diamanti, qui a délivré toute la péninsule en marquant le dernier tir au but de la rencontre. Les joueurs de Cesare Prandelli sont pourtant arrivés en Pologne sur la pointe des pieds, après une série de revers en matches amicaux, qui a culminé avec une défaite 3-0 contre la Russie le 1er juin. Et le football italien est une nouvelle fois englué dans une affaire de matches présumés truqués, qui a coûté sa place en sélection au défenseur Domenico Criscito. Mais la situation des Italiens s'est retournée en quelques semaines, avec le bon match nul arraché à l'Espagne, championne du monde et d'Europe en titre, pour son entrée en lice (1-1). L'enthousiasme qui s'est depuis emparé de l'Italie s'étale en grosses lettres lundi à la Une de la Gazzetta dello Sport. "L'Italie victorieuse, en avant!", titre le journal au lendemain de la qualification de sa Squadra et de la victoire de l'Espagnol Fernando Alonso sur une Ferrari italienne en Grand Prix d'Europe de Formule Un à Valence. L'Italie peut désormais afficher d'autant plus d'assurance qu'elle n'a jamais perdu contre l'Allemagne dans un grand rendez-vous international. Les Azzurri espèrent bien prolonger cette série jeudi, au Stade national de Varsovie (coup d'envoi à 20h45).