En hommage à la défunte Amrane Zohra dite Malika, auteure de plusieurs actions armées à l'aide d'obus piégés dans la capitale durant les années 1959, et à Sahnoun Hamama, dite Nacéra, qui joua un rôle incontournable dans la réalisation d'une organisation armée en liaison avec la Wilaya III, Zone 4, et à toutes les militantes connues ou méconnues qui ont participé à la lutte de libération nationale, il y a lieu de rendre également hommage à ces Français qui, par conviction dans la justesse de la lutte du peuple algérien, se sont pleinement investis aux côtés du FLN pour combattre l'injustice. Après le démantèlement de la Zone autonome d'Alger (ZAA) par la 10e division de parachutistes du général Massu durant la grève des huit jours de janvier 1957 décrétée par le FLN. Les populations de La Casbah, de Belcourt et des autres cités périphériques vivaient dans un atmosphère de peur, traumatisées par la terrible répression qui s'est soldée par des milliers d'arrestations, de torture à grande échelle et de disparus, laissant des mères de famille éplorées par cet état de fait, et pour maintenir cette atmosphère de peur au sein de la population, la direction militaire française en la personne des colonels Godard, Trinquier et le capitaine Léger créèrent avec la collaboration des retournés (les ralliés) une organisation secrète, le GRE, Groupement de renseignements et exploitation avec pour objectif de débusquer les rescapés de la bataille d'Alger, et également noyauter toute éventuelle réorganisation du FLN dans la capitale ; ils formèrent également des groupes de miliciens armés (bleu de chauffe) dirigés par le capitaine Léger, ancien membre du SDEC, spécialiste de la manipulation et des complots imaginaires et dont les méthodes savamment orchestrées ont suscité la méfiance entre citoyens. Le colonel Trinquier procéda au découpage des quartiers en 5 lots, et l'instauration de cartes de recensement pour chaque maison, ainsi que l'implantation de miradors et guérites sur les terrasses en système de quadrillage pour la canalisation et la surveillance de la population à des mesures restrictives. Satisfait par ces mesures drastiques et au moment où le général Massu claironnait qu'Alger pacifiée est devenue un havre de paix avec le slogan tant répété «Algérie française», l'explosion d'une bombe souffla littéralement le premier niveau du centre commercial des Galeries de France situé en plein centre de la rue d'Isly (actuelle Larbi Ben M'hidi) faisant plusieurs morts dont deux inspecteurs de police. c'était le 24 septembre 1959 et l'auteur de cette action spectaculaire était Amrane Zohra qui venait de marquer de nouveau le retour du FLN pour la 2e bataille d'Alger, et malgré le quadrillage systématique de l'armée française dotée de détecteur de métaux et les chiens renifleurs, cette courageuse militante réussit à poser une autre bombe à l'intérieur du Monoprix de la rue Michelet (actuelle Didouche-Mourad) le 22 août 1959, et le 8 octobre de la même année, ce fut le tour de la gare d'Alger (bilan 18 morts) : aidée par un groupe de volontaires, elle réussit à perpétrer plusieurs attentats à la bombe qui sont en fait des obus de 60 et 80 qui n'ont pas explosé, largués auparavant par l'aviation française sur les maquis de la Kabylie, et qui furent récupérés par des djounoud relevant du commandement de Krim Rabah (W. 3 Zone 4). Ces obus furent modifiés en bombe à retardement, et après s'être initiée sur leur système de réglage, cette héroïne dotée d'un courage inébranlable réussit, grâce à l'apport d'un groupe de moussabiline, à transporter une douzaine d'obus à bord d'un camion de marchandises à destination d'Alger et malgré les risques encourus durant ce long trajet, une fois les obus entreposés en lieu sûr, elle enclencha avec son groupe une série d'actions à travers la capitale, suscitant de nouveau la peur au sein de la population européenne. Ces attentats à la bombe sont reconnus par l'ONM lors de la tenue de la 4e conférence sur l'écriture de l'histoire de la révolution armée (25.09.1986)