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La seconde bataille d'Alger (1959-1962)
Un ancien Moujahid l'évoque
Publié dans Liberté le 26 - 10 - 2008

Depuis 1962, on relate très succinctement les faits historiques sur la lutte de Libération nationale, à l'occasion des anniversaires et des dates commémoratives. Par sa spécificité, la guerre d'Algérie est considérée à travers le monde comme étant l'un des plus grands évènements qui ont marqué le XXe siècle. Or, la considération de cette dimension historique n'a jamais été mise en relief par nos historiens et chercheurs, ni par une commission polyvalente censée recueillir des témoignages et retracer l'itinéraire des hommes et des femmes qui se sont succédé à travers les divers épisodes de notre lutte, jusqu'à la restauration de l'Etat algérien. Cela, afin que la jeunesse d'aujourd'hui sache combien fut long le parcours et combien fut grand le sacrifice consenti par les milliers de martyrs.
C'est dans cette optique que je voudrais, en tant que témoin et acteur, retracer une parcelle de cet édifice historique et relater la difficile période allant des années 1959 à 1962 qui a vu une nouvelle jeunesse reprendre le flambeau de la lutte après l'arrestation de leurs aînés durant la Bataille d'Alger. Avant d'aborder cet épisode, il y a lieu d'abord de rendre hommage à tous les précurseurs de la lutte armée, et surtout les pionniers qui, bien avant 1954, ont tracé la route de la libération de la patrie. Ils sont des milliers, ces patriotes oubliés, morts dans l'anonymat, dans les geôles, déportés, fusillés… Le dernier souffle de ces militants des années 1920, 1930 et 1945 était pour que “vive l'Algérie libre”.L'Algérie a toujours été pour être une terre insoumise, foyer d'inspiration nationaliste grâce à des hommes qui ont refusé d'abdiquer face à la puissance française et à sa politique du fait accompli ; ils ont joué un rôle catalyseur qui n'a pas tardé à imprégner cette jeunesse “indigène” que les colons appelaient “ya ouled” ou, le sens, l'ardeur et l'enthousiasme du patriotisme à une jeunesse formée à l'école de la rue avant d'intégrer la lutte de Libération nationale.
Une des dates historiquement marquantes fut la répression du 8 mai 1945. L'arbitraire et ses conséquences allaient matérialiser la réaction d'hommes épris de justice qui, comprenant que la liberté s'arrache, se démarquèrent de la lutte légaliste et de l'attentisme politique. Cette nouvelle orientation fut le tournant qui allait précipiter les évènements vers le chemin de la lutte armée, avec d'abord la création, en 1947, d'une organisation paramilitaire (OS) sous la responsabilité de Mohamed Belouizdad. Celui-ci, nanti d'une grande culture nationaliste, a joué un rôle de premier plan dans la préparation des hommes et la récupération des armes qui servirent au déclenchement de la lutte. Une partie de ces armes fut entreposée à Soustara, Alger, chez Zergaoui Mustapha, membre de l'OS ; un deuxième lot fut caché dans une ébénisterie à Kouba, Alger, chez le militant Yahiaoui. Mais, le parcours vers la déflagration de Novembre 1954 fut très ardu, compte tenu des divergences internes, dont l'effet fut aggravé par l'arrestation de plus de 400 militants de l'OS. Grâce à l'engagement déterminé des hommes, le processus de la préparation se remit en marche ; ce qui mena à la création du FLN et de l'ALN issus de l'OS et du Comité révolutionnaire d'unité et d'action (Crua).
À ce propos, je voudrais ouvrir une parenthèse sur une phrase lancée par Didouche Mourad lors de la réunion des 22 membres du CNRA, durant le mois de juin 1954 : “Si nous devions mourir durant le parcours de la lutte armée, d'autres hommes nous relayeront.” Sa prédication, et sa clairvoyance, se sont vérifiées. En effet, le cheminement de la lutte a connu plusieurs relais organisationnels, notamment dans la capitale où les premières actions armées furent perpétrées. Presque tous les “novembristes” finirent par être arrêtés, mais à partir de l'année 1955, l'organisation fut réactivée par Krim Belkacem et Amar Ouamrane, ainsi que Arezki Bouzrina. Ils réussirent à implanter des groupes armés indépendants, les uns sous la responsabilité de Mustapha Fetal et Bouchafa Mokhtar, et les autres sous celle de Hadj Atmane Ramel et Si Mourad Débih-Chérif. Durant cette période, toutes les tendances politiques, ainsi que les notables, rallièrent le FLN grâce à Abane Ramdane et à l'appui de Ahmed Bouda. Sans oublier le rôle joué par Abderazak Belhafaf dit Houd, responsable des services de renseignements du front tant à Alger qu'à l'extérieur. Néanmoins, il y a lieu de savoir que beaucoup de militants morts sous la torture, ou disparus, durant cet épisode, sont restés méconnus à ce jour. Le deuxième relais organisationnel dans la capitale s'est réalisé à la suite du Congrès de la Soummam du 20 août 1956. Alger fut érigée en Zone autonome d'Alger (ZAA) sous la responsabilité du Comité de coordination et d'exécution (CCE). Yacef Saâdi fut désigné comme responsable des groupes armés. Toutefois, la grève des huit jours de janvier 1957, décrétée par le CCE pour appuyer la question algérienne inscrite, cette année-là, à l'ordre du jour de l'Assemblée générale des Nations unies, a été le prélude au démantèlement de la ZAA. Le général Massu, responsable de la Xe division de parachutistes, donna à cette grève un sens insurrectionnel lui permettant d'envahir la capitale, et de mettre fin à une résistance qui commençait à avoir une résonnance mondiale. Ainsi fut actionnée une vaste opération d'arrestations (dite Champagne) et de torture à grande échelle qui se solda par l'arrestation de plus de 30 000 citoyens et à la disparition de près de 4 000 autres. Avec une répression d'une telle ampleur, la ZAA fut décapitée. Suivit alors une période d'accalmie.
Une année plus tard, et au moment où le général Massu claironnait qu'Alger pacifiée est devenue un havre de paix avec le slogan tant répété “Algérie française”, une nouvelle génération sortit de l'ombre pour reprendre le flambeau de ses aînés et faire à nouveau résonner la voix de la résistance dans la dernière Bataille d'Alger.
Il importe de relater l'atmosphère qui régnait à cette époque :
1) Le couvre-feu n'a jamais été levé à Alger.
2) La présence des “bleus de chauffe” (miliciens armés sous les ordres du capitaine Leger qui imposèrent la loi du silence sous peine de représailles).
3) Une population européenne armée grâce à la complicité de l'armée française, cela depuis le putsch du 13 mai 1958.
4) Le quadrillage de la population musulmane par les différents services psychologiques de l'armée française, utilisant un circuit de haut-parleurs diffusant des slogans anti-FLN, jetant par hélicoptères des tracts et émettant une propagande intensive par une chaîne de radio spécialisée “La voix du bled”.
5) Le renforcement du dispositif des barbelés, miradors et guérites pour la canalisation et la surveillance de la population.
6) Le contrôle rigoureux de cette population par des mesures restrictives et contraignantes, à savoir le découpage des quartiers en îlots, l'instauration de cartes de recensement pour chaque maison, du laisser-passer, du contrôle inopiné dans les foyers, des opérations surprise sur les places publiques et les ruelles d'accès.
En dépit de toutes ces mesures, la réorganisation politico-militaire dans la capitale fut entreprise, avec la contribution de certains militants rescapés de la Bataille d'Alger et grâce à l'apport des détenus libérés durant cette année de 1959 et dont certains prirent attache avec la wilaya IV et d'autres avec les diverses zones de la wilaya III.
En ce début de l'année 59, Laradji Mohamed, ancien militant doté d'une grande culture nationaliste, venait d'être libéré. Malgré sa mise à résidence surveillée, Laradji prit contact avec la zone IV de la wilaya III. Suite à quoi, il constitua un comité dit Alger I, composé de cinq membres au sein duquel je fus intégré dès ma sortie de prison.
Au cours d'une réunion, il ordonna à cette composante de procéder au recrutement de militants pour la constitution d'un appareil politique et d'un service habous pour aider les familles maquisardes et les détenus. Quant à moi, je fus chargé d'organiser des cellules de “fidaï”. Cependant, face à la situation décrite qui régnait dans la ville, et pour réduire les risques et pallier à toute nouvelle déconvenue, j'ai commencé à recruter des jeunes filles telles que Sahnoun Hamma et sa sœur Zohra, Makhloufi Aïcha et Mezari Malika, dont l'activité débordante a fait émerger un potentiel humain considérable, permettant de constituer plusieurs cellules prêtes à entreprendre des actions armées, ainsi qu'un service de renseignements dirigé par Bachi Sid-Ali, Taouachi Rachida, Sébillot Daniel dit Rachid et d'un Polonais nommé Franeck. Ce dernier nous mit en contact indirect avec un officier de l'armée française qui nous fournissait des renseignements. Grâce au Père Roger et au Père Garnier, le collège d'El-Harrach, dont ils avaient la charge, nous servait de refuge principal et de lieu de rencontre des chefs de cellules pour coordonner nos actions dans la capitale. Aidés par Hirech Hamoud, ancien militant rescapé de la Bataille d'Alger, nous avions établi des méthodes très subtiles permettant un cloisonnement étanche afin d'éviter d'éventuelles arrestations de nos militants. Cependant, par manque d'armes à feu, les premières actions furent perpétrées à l'arme blanche d'abord par Kridech Rachid, âgé de 17 ans, chef de cellule, et Meziani Rachid, 18 ans, contre un responsable de la milice, permettant de récupérer une première arme. Arme avec laquelle Moknine Mourad, chef de cellule âgé de 16 ans, et Mekiri Slimani ainsi que Guermit Mohamed réussirent à abattre un officier des douanes et récupérer son arme. Parmi les actions armées considérées par le colonel Mohand Oulhadj comme historiques, celle de Kal Djaâfar, 18 ans, chef de cellule, qui, avec Bennour Youcef et Chaffaï Nourdine, réussit à abattre, en ce début de l'année 1960, un officier de l'armée française au stade de Kouba à Alger, en présence de centaines de spectateurs ébahis. Pour déjouer les barrages de contrôle et les incessantes patrouilles de l'armée française, j'ai introduit au sein de chaque cellule une sœur militante pour transporter l'arme jusqu'au lieu où doit se dérouler l'action. Sans m'étaler sur les diverses actions entreprises, notons qu'elles avaient, d'une part, découragé les miliciens du capitaine Léger et, d'autre part, redonné confiance à la population musulmane. Elles permirent de desserrer l'étau qui étouffait l'ALN dans le maquis à la suite
des opérations de grande envergure du général Challe ; celui-ci fut obligé de redéployer une partie de ses troupes dans les villes.
Face à la recrudescence des attentats perpétrés par les diverses organisations du FLN dans la capitale, l'administration coloniale, en la personne du général Simoneau, responsable du centre interarmes de Hydra à Alger, créa une collaboration triangulaire constituée de divers corps de l'armée et des renseignements, notamment le colonel Tunquier, responsable du dispositif de protection urbain. Celui-ci est connu pour être un spécialiste de la manipulation et des complots pour créer le doute et la suspicion au sein des organisations FLN et ALN. À cela s'ajoute la collaboration du lieutenant Delguetre, responsable de Delta OAS qui tenta d'implanter une cellule OAS au sein même de la Casbah par un certain Achour qui fut abattu par nos éléments, de même qu'un personnage qui avait réussi à noyauter une organisation du front. Grâce à nos services de renseignements, nous avons déjoué plusieurs tentatives de l'ennemi qui fit appel au Front de l'Algérie démocratique (FAD). Cette tendance fut créée par un certain cadi, avec l'aval du gouvernement français, avec le compromis projeté de combattre le FLN pour représenter dans le cadre d'une troisième force. Tous les dispositifs employés par l'administration coloniale pour anéantir le FLN à Alger et dans les autres villes d'Algérie, qui ont également joué un rôle éminemment important dans la lutte de libération nationale, sont restés vains.
Notre jeunesse avec des moyens logistiques dérisoires, animée par la foi et l'amour de la patrie a su relever le défi et remporter ainsi la dernière Bataille d'Alger, dont le bilan recensé, réparti entre les organisations de la W III et celles de la W4 s'élève à 302 actions militaires, de 1959 à 1962. Il y a lieu de savoir que 14 membres de notre organisation sont déjà morts dont le plus jeune fidaï, Moknine Mourad, ainsi que Mezari Malika et Mekhloufi Aïcha. Celle-ci malgré sa participation dans les actions armées et reconnue par le reste de l'organisation ne disposait par d'attestation de reconnaissance.
B. A.
Ancien responsable de groupes armés
à Alger P/la W III zone IV
Bio express
Ancien militant au sein de l'organisation d'Alger-Centre. Arrêté début 1956 par les zouaves du capitaine Sirvens.
Evadé et arrêté une deuxième fois par les paras du 3e RPC de Bigeard en 1957. Libéré en 1959 après avoir subi trois fois le jeu de la roulette russe. Organisateur et responsable du groupe armé à Alger, sous la responsabilité du comité Alger I, en liaison avec la wilaya III zone IV. Les activités établies, présentées après la tenue de la 4e conférence sur l'écriture de l'histoire de la Révolution armée, le 25 septembre 1986, sont reconnues par l'Organisation nationale des moudjahidine de la wilaya d'Alger. En 1962, responsable d'un secteur militaire à El-Biar au sein de la nouvelle ZAA du commandant Azzedine.


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