Le directeur général de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), Pascal Lamy, a estimé hier que le capitalisme mérite d'être changé, car c'est un système «très injuste», en appelant à ne pas «renoncer à des alternatives» à ce système. «Mon principe à moi, c'est qu'il ne faut pas renoncer à des alternatives au capitalisme. Ce n'est pas parce qu'on n'a pas trouvé jusqu'à présent d'autre système -il faut le reconnaître de manière réaliste- (...) qu'il ne faut pas continuer à chercher, car ce système est quand même très injuste», a déclaré M. Lamy à la presse. «Il faut reconnaître que ce système (...) qui crée de l'injustice, et on le sait depuis 200 ans, depuis sa grande phase d'expansion au XIXe siècle, ce système mérite d'être changé. Pour autant (...) il faut être réaliste, toutes les tentatives de le changer fondamentalement ont échoué. Donc en attendant, pendant qu'on réfléchit, qu'on cherche, il faut l'améliorer, le corriger, le maîtriser», a suggéré M. Lamy, seul candidat à sa succession à la tête de l'OMC. A ce propos, il a affirmé qu'il fallait, en réponse à un «capitalisme mondialisé», une «régulation (...) au niveau mondial». Selon lui, la crise financière est le résultat d'un «trou dans la régulation internationale», et qu'il faudrait «cinq à six ans» pour «bâtir une régulation». A court terme, «il n'y a pas d'autres solutions que les plans de relance», mais «il faut veiller à ne pas creuser des trous dans les déficits publics qu'on aurait du mal à reboucher», a-t-il encore estimé. La sortie du DG de l'OMC vient conforter la position de certains pays, à l'exemple de la France, qui a appelé à maintes reprises à une éthique dans l'économie mondiale et à la limitation des transactions spéculatives dans les marchés boursiers. Les démarches de réforme ont été entamées lors du sommet du G20 à Washington le 15 novembre dernier. Toutefois, les Etats-Unis et la Grande-Bretagne sont encore peu favorables aux propositions de refonte du capitalisme. Selon une étude de l'agence Standard & Poor's, publiée mardi, la chute des marchés boursiers en 2008 a causé la perte d'environ 17 000 milliards de dollars dans le monde.