Un autre cas d'enlèvement a été signalé à Tizi Ouzou. Un jeune de 21 ans, Hamid Dehloum, a été enlevé mardi vers 22 heures dans la localité de Machtras, située à 20 km au sud de Tizi Ouzou, par un groupe armé. La victime, selon une source locale, est un fils d'un commerçant très connu dans la région. Le jeune Hamid Dehloum a été surpris par ses ravisseurs pas loin de son domicile familial, après une soirée passée avec ses amis. Les kidnappeurs l'ont forcé à les suivre sans sa propre voiture qui a été retrouvée quelques heures après leur forfait à la sortie de la localité de Machtras. Aucune information n'a filtré de la part des membres de la famille de la victime si les ravisseurs ont pris attache avec eux ou pas. Des rumeurs parlent d'une forte demande de rançon par les kidnappeurs. Toutefois, quelques heures seulement après cet énième rapt, les habitants de la région de Mechtras se sont levés comme un seul homme pour exiger la libération de la victime sans aucune contre-partie et refusent d'abdiquer au chantage des terroristes. Les protestataires en furie ont procédé à la fermeture de la RN30 durant toute la soirée de mardi à mercredi. Un vaste élan de solidarité qui se propage vers les communes du sud de la wilaya de Tizi Ouzou avec la famille de la victime a suivi l'enlèvement du jeune Hamid en un temps relativement très court. Un nombre important de citoyens affluait durant toute la journée d'hier vers le domicile des Dehloum. Une cellule de crise a été déjà mise en place par les comités de village de la commune. Plusieurs actions de protestations sont envisageables, dont une grève générale dans la daïra des Ouadhias et probablement une marche en vue d'obtenir la libération de la victime saine et sauve. L'enlèvement de mardi soir a provoqué, en effet, l'ire des habitants de la région sud de la wilaya. Ils sont exacerbés par ces kidnappings. Pas moins de 70 cas de kidnapping ont été enregistrés à Tizi Ouzou. Une wilaya qui détient le triste record national de nombre de rapts. Le 23 juillet dernier, un entrepreneur a été enlevé, pour rappel, à Tizi N'Tlata, commune voisine de Mechtras puisqu'elles dépendent administrativement de la daïra de Boghni. S. Mustapha, un autre commerçant âgé de 37 ans, du village Ath Abdelmoumen, n'a été libéré qu'après le payement par sa famille d'une rançon de 1.65 millions de dinars, comme exigé par ses ravisseurs. C'était pour la première fois qu'une victime reconnaisse aux services de sécurite le versement d'une rançon aux terroristes à Tizi Ouzou. La partie sud de la wilaya de Tizi Ouzou, qui compte Maâtkas, Souk El Tenine, Ath Zmnener, Mechtras, Assi Youcef, Aït Bouaddou, Agouni Gueghrane, Bounouh, Tizi-N'Tlata, Aïn Zaouia et Ath Yahia Moussa est surnommée par la population locale «le triangle de la mort», vu le climat d'insécurité qui y règne depuis plusieurs années. Le mois dernier, un bijoutier a été tué par des braqueurs en plein jour au centre-ville de Boghni. Au début de cette semaine, trois autres braqueurs d'une bijouterie ont été arrêtés par des citoyens à Sidi Naâmane, en plein jour aussi. Le banditisme qui se greffe au terrorisme sème la terreur à Tizi Ouzou. Les investisseurs et les grands commerçants sont les proies potentielles pour les groupes armés. Ce climat d'insécurité qui perdure depuis des années à Tizi Ouzou n'est pas resté sans conséquences pour la wilaya de Tizi Ouzou. Le développement de l'économie locale a connu un véritable sacré coup. Selon des chiffres avancés par des élus de l'APW, pas moins de 70 entrepreneurs de travaux publics ont, depuis 2008, quitté la wilaya de Tizi Ouzou pour investir ailleurs, sous des cieux plus cléments.