Malgré sa disponibilité, des milliers de foyers à travers le pays n'accèdent pas encore à l'eau potable. La réalisation de plusieurs projets à même de soulager les populations des corvées quotidiennes à la recherche de cette ressource, n'a pas été accompagnée par la construction des infrastructures de distribution et d'assainissement. Cette situation a irrité le nouveau ministre des Ressources en eau, M. Hocine Necib, qui n'a pas admis de voir des projets de mobilisation d'eau achevés sans pour autant faire bénéficier les populations en raison de l'absence de réseaux de distribution. Lors de sa récente visite d'inspection dans la wilaya de Boumerdès, il a été surpris de constater que la station de dessalement d'eau de mer de Cap Djinet, d'une capacité de 44 500 m3/jour et opérationnelle depuis juin dernier, ne profite pas à la population environnante. Parallèlement à la disponibilité de la ressource mobilisée à travers des forages, de stations de dessalement et de barrages, plusieurs projets d'adduction lancés dans cette wilaya depuis 2007, connaissent des retards pour de multiples raisons. Le ministre a ainsi conditionné le lancement des futurs projets de mobilisation d'eau par l'inscription des projets de raccordement aux réseaux en plus des différentes infrastructures hydrauliques indispensables pour assurer l'acheminement de l'eau aux foyers. La wilaya de Boumerdès assure l'approvisionnement de la capitale alors que des quartiers entiers sont sous-alimentés ou carrément privés d'eau potable, s'est étonné M. Necib. Le sud-est de la wilaya, par exemple, est dépourvu d'eau alors qu'il peut être alimenté à partir du barrage de Koudiet Acerdoune dans la wilaya de Bouira. Des programmes complémentaires en urgence En constatant ces insuffisances, le ministre a décidé de faire bénéficier la wilaya d'un programme complémentaire. Outre les réseaux de distribution et d'assainissement, les capacités de stockage doivent être améliorées aussi pour pouvoir répondre efficacement à la demande des nouveaux quartiers et leur garantir une bonne distribution d'eau. «Un grand effort doit être fait pour réaliser ou rénover des réseaux de distribution. Avant d'entamer les projets, il faudra appréhender la distribution et mettre à niveau les réseaux», a-t-il insisté, assurant que son département mobilisera les fonds nécessaires. En rattrapant les retards enregistrés dans le secteur de l'hydraulique, la wilaya connaîtra un nouveau souffle en termes d'investissement socioéconomique. A propos des eaux usées, le ministre a exigé d'accélérer les projets d'éradication des fosses sceptiques et d'extension des réseaux d'assainissement des agglomérations rurales. «50 000 m3 d'eau usées sont déversés dans la nature», s'est-il étonné. Sur les 13 545 fosses sceptiques recensées, moins de la moitié a été éradiquée. «Pour rattraper le retard dans le domaine de l'assainissement, il faut prioriser la réalisation des réseaux d'assainissement, dans le cadre du programme quinquennal 2010-2014», a-t-il suggéré. Tamanrasset a toujours soif L'autre cas frappant concernant la mauvaise programmation des projets est celui de Tamanrasset. La réalisation du transfert d'eau d'In Salah à Tamanrasset devait garantir l'accès à l'eau aux habitants de cette wilaya, mais en raison de la vétusté, voire l'absence des réseaux d'adduction dans certains quartiers, l'Algérienne des Eaux ne distribue que 20 000 m3/jour au lieu de 70 000 m3/jour comme prévu dans le projet. La population desservie ne profite de l'eau que d'un jour sur trois dans les meilleurs cas. «Nous avons prévu de rénover une partie du réseau de distribution, mais il s'est avéré qu'il faut tout refaire», nous a expliqué M. Mechia, directeur général de l'Algérienne des Eaux (ADE). Les travaux confiés au groupe Cosider ont été lancés depuis le dernier Ramadhan, a-t-il indiqué, ajoutant que le taux d'avancement est de 15% et la finalisation est prévue pour fin 2013.