Le marché de la sardine verra d'importants bouleversements très prochainement. Le ministère de la Pêche et des Ressources halieutiques se penche actuellement sur la filière en vu de revoir son organisation et sa structuration avec pour objectif, à court terme, de mettre sur le marché la sardine à des prix raisonnables. «Il y a un plan sardine en préparation» nous a affirmé lundi soir Sid Ahmed Ferroukhi, ministre de la Pêche et des Ressources halieutiques en marge de sa visite dans la wilaya de Mostaganem. Se référant aux données de l'enquête de 2008 sur la consommation qui a révélé que «80% des Algériens consomment de la sardine et que 80% des ressources halieutiques pêchées sont pélagiques (poisson bleu)», le ministre de la Pêche a décidé de classer cette filière «en première priorité». «Le dossier de la sardine est une priorité que vous le vouliez ou pas» a dit le ministre en direction des opérateurs du secteur. La filière est également considérée comme pourvoyeuse d'emplois puisqu'elle compte au minimum 20 000 emplois. «Je suis en train de travailler sur ce dossier et je tiens à obtenir des résultats précis sur la filière», a-t-il dit, avouant : «Je ne veux pas focaliser mon travail et mon intervention sur la sardine mais la réalité est là, il faut la voir en face. Le peuple veut manger de la sardine et nous sommes dans l'obligation de répondre à sa demande.» Le ministre est très conscient de l'importance de la sardine dans les foyers algériens, considérée d'ailleurs comme premier critère d'évaluation du secteur. «De toutes façons, quel que soit ce que l'on fait, les citoyens vont nous juger sur le prix de la sardine comme ils jugent toute la filière de l'agriculture sur la base du prix de la pomme de terre», a-t-il dit. «Donc, c'est à nous de faire des efforts pour expliquer aux consommateurs la véritable situation de la filière», a-t-il ajouté. Pour le ministre, il est question de dévoiler toute la vérité sur la filière afin d'avoir un diagnostic précis et décider ensuite des mesures à prendre. «Il faut dire au peuple si on peut espérer encore des évolutions dans la filière en optant pour de nouvelles techniques de pêche ou se contenter, pour l'instant, de préserver cette ressource», a-t-il précisé. Le ministre rejette d'emblée le choix du développement de la filière de l'aquaculture sans comprendre ce qui se passe réellement dans la filière de la pêche maritime. «On m'a déjà dit qu'il ne faut pas trop comprendre ce qui se passe dans la pêche maritime car c'est très compliqué mais non, il faut le savoir et connaître les limites de la ressource avant de passer au développement de l'aquaculture comme deuxième option qui n'est pas à négliger», a-t-il affirmé. Il faut recupérer notre quota de thon Le ministre a également abordé la question de la commercialisation de la sardine et des produits de la pêche en insistant sur «la nécessité d'organiser et de maîtriser le circuit de distribution et de commercialisation, notamment dans le commerce de détail afin de mieux maîtriser les coûts» a-t-il suggéré. A ce titre, il a insisté sur la mise en place des amarrées au niveau des ports de pêche pour rendre les produits plus accessibles aux citoyens. Par ailleurs, le ministre a accordé une attention très particulière au problème de la pêche de thon dans les eaux territoriales. Il est question, selon lui, de rendre à l'Algérie son quota initial qui lui a été retiré l'année précédente par la commission de l'Union européenne. «Il y a un groupe de travail qui s'est penché sur la question», a rappelé M. Ferroukhi. «On saura si on peut récupérer ce quota ou non dans quelques semaines» a-t-il fait savoir. Selon des sources concordantes, le groupe de travail a été mis en place depuis plusieurs semaines avec pour objectif «de trouver toutes les procédures juridiques et réglementaires permettant à l'Algérie de reprendre son quota de thon cette année». Les membres de ce comité ont déjà entamé des contacts avec les instances concernées en vu de «défendre la position de l'Algérie». Ils se déplaceront dans les prochains jours à Aghadir au Maroc en vu d'examiner de plus près le dossier.