Le directeur général de l'Etusa, dans une déclaration à la presse lundi, avait indiqué que «tous les travailleurs licenciés abusivement seront réintégrés et réhabilités à leurs postes, les commissions de recours doivent débuter dès le 22 octobre». Pour les travailleurs, cette déclaration s'apparente à un aveu d'échec et de reconnaissance des erreurs commises par la direction. L'un deux nous dira qu' «il doit assumer ses erreurs et démissionner puisqu'il reconnaît avoir enfreint de nombreuses lois de la République et la convention collective de 1997. Pour nous, il doit agir sans plus tarder et réintégrer sans passer devant les commissions les éléments licenciés». M. Mohand Saïd Charef, directeur adjoint de l'Etusa, nous a indiqué hier par téléphone «qu'aucun cas de licenciement abusif n'a été recensé». Pour illustrer ses propos, il invite tous ceux qui le désirent à consulter les dossiers des employés licenciés. Par ailleurs, il a indiqué qu' hier, des commissions de recours avaient siégé pour régulariser la situation de 17 employés licenciés qui avaient déposé des dossiers de recours, sans toutefois nous préciser le nombre de personnes réintégrées, faute d'avoir les données. Ce que dénonce l'un des travailleurs qui estime que cette méthode vise à «camoufler la mauvaise gestion de l'entreprise», car ce sont, selon lui, les employés licenciés après la signature du protocole d'accord qui auraient fait l'objet de ces recours. La DG tente d'effacer les preuves de licenciement abusif en réintégrant certains éléments au détriment d'autres. Elle essaye de créer des injustices entre nous mais nous ne tomberons pas dans le piège», nous a-t-il dit. Pour M. Charef, il en est tout autrement. Il considère qu'un leader du mouvement a refusé hier de participer à la commission de recours, alors qu'il réclame sa réhabilitation. «J'ai personnellement appelé M.Kharroubi afin qu'il assiste à la commission de recours mais il a refusé de venir. Ces protestataires parlent de hogra et quand on agit dans leur sens, ils ne viennent même pas», déplore-t-il, ajoutant que lorsque le DG a parlé de réparer les erreurs, cela ne signifie pas le versement d'indemnités comme l'exigent les grévistes mais la réhabilitation des éléments licenciés à leurs postes de travail. «Je rappelle que nous sommes un service public. Nous ne sommes pas là pour sanctionner abusivement, nous n'y avons aucun intérêt, bien au contraire. Nous souhaitons une bonne entente avec nos employés», a-t-il dit. Il a également indiqué qu'il reste ouvert à toute proposition qui s'inscrirait dans un cadre social. «La démission du DG ne fait pas partie des attributions de l'entreprise. Ce n'est pas une revendication sociale, nous ne pouvons la prendre en charge», a-t-il tenu à souligner alors que pour les grévistes, cette revendication est un point non négociable, d'autant que selon eux, d'anciens dirigeants de l'Etusa, poussés à la retraite depuis quelques années, ont les compétences nécessaires pour siéger à la direction et entamer un dialogue social à même d'améliorer les conditions de travail au sein de l'entreprise. De son côté, M. Charef a indiqué que le ministère des Transports leur demande régulièrement des informations et soutient la direction dans son action d'autant qu'elle aurait donné des garanties quant à l'application des engagements prévus dans le protocole d'accord du 16 octobre dernier, et qu'elle réclame une commission d'enquête à même de réfuter les rumeurs de mauvaise gestion. Il a ajouté que cette grève fragilise l'entreprise au vu des pertes enregistrées quotidiennement depuis le début de la grève (2 millions de dinars par jour). Selon ce responsable, le dialogue se poursuit pour inciter à la raison les travailleurs, mais en parallèle, les sanctions demeurent puisque les plaintes engagées contre 11 leaders de la grève seront concrétisées demain car la direction passe en référé à la cour d'Alger. «Pour le moment, nous voulons que les travailleurs reprennent leurs postes car il en va du devenir du service public algérien. Nous sommes prêts à minimiser les sanctions pour que le mouvement s'arrête», a-t-il tenu à dire, ajoutant qu'un service minimum est toujours assuré grâce à la mobilisation de la direction des transports de la wilaya d'Alger qui, depuis le début de la grève, a dépêché des bus privés. De leur côté, les grévistes dénoncent les tentatives de déstabilisation du mouvement par la DG et organisent des réunions afin de parfaire leurs stratégies et interpellent de nouveau le ministre des Transports seul capable de mettre un terme à cette grève.