Le plan de relance de l'industrie nationale, composé de 102 propositions, sera présenté prochainement en Conseil interministériel, a-t-on appris de sources sûres. Sous la coupe du ministère de l'Industrie, de la Petite et Moyenne entreprise (PME) et de la Promotion des investissements, ce plan a été élaboré par des experts du Conseil national économique et social (CNES), des confédérations patronales, des syndicalistes de l'Union générale des travailleurs algériens (UGTA) et de l'administration économique. Et pour garantir sa mise en application, un comité de pilotage a été installé. Parallèlement, une réunion nationale est prévue et sera précédée par des rencontres régionales, dans le cadre d'une large campagne de communication. En engageant un plan de relance, le ministère de l'Industrie envisage de réhabiliter le secteur et d'encourager une concurrence entre le public et le privé, évoluant dans un marché national «protégé», nous a expliqué M'barek Malek Serraï, expert économique international. S'exprimant en qualité de conseiller économique de l'Union générale des travailleurs algériens (UGTA), il a indiqué que les 102 propositions visent trois principaux objectifs. Il s'agira notamment de «stopper la dégradation de l'industrie, qu'elle soit du secteur public ou privé et l'amélioration de l'environnement économique». La moitié des capacités de production du public à l'arrêt Les mesures proposées visent à «stopper» la dégradation du secteur industriel qui a enregistré un net recul de ses capacités de production. «Un taux de 48% des capacités de production sont à l'arrêt, ce qui est très grave», s'est inquiété M. Serraï. Quant au secteur privé, il est composé en majorité de Très Petites Entreprises (TPE) qui emploient en moyenne un effectif de trois personnes et moins. Le plus inquiétant, selon l'expert, est l'important recul de la part de l'industrie dans le PIB qui n'a pas excédé 4,7% en 2011. Souffrant d'un «environnement négatif» caractérisé principalement par une réglementation coercitive, une fiscalité inadaptée, un foncier industriel dans un état lamentable, une lourde bureaucratie conjuguée à des interférences bureaucratiques de tout bord, la dégradation du tissu industriel s'est davantage accentuée. Les experts ont ainsi mis l'accent sur «l'urgence de reprendre les réformes économiques». Il est préconisé également de réviser le code des investissements, le code des marchés publics et d'introduire de nouveaux textes pour dépénaliser l'acte de gestion à même de permettre aux banquiers d'allouer des crédits aux entreprises.
Une moyenne de trois salariés par entreprise De leur côté, les banques doivent s'engager en faveur de l'accès des PME aux crédits pour relancer l'industrie nationale. Assorties de nouvelles conditions financières, de gestion et de management, des politiques structurelles dédiées aux principales filières du secteur public doivent être initiée également. «Les entreprises publiques ont cumulé une expérience appréciable, à ne pas négliger dans le plan de relance», a souhaité l'expert. D'ailleurs, le secteur économique actuel n'est pas solide du fait qu'il soit composé, majoritairement, de TPE (95,63 %) employant entre 1 à 9 salariés. Les Petites Entreprises (PE) représentent, quant à elles, 3,89%, avec un effectif de 10 à 49 employés alors que les Moyennes entreprises (ME) embauchant entre 50 et 250 travailleurs, ne représentent que 0,48%.
De nouveaux obstacles pour réduire de 20 mds de dollars les importations Entre autres mesures proposées figure la détermination d'un «temps de répit» pour assurer une protection «indirecte au marché national» et permettre aux entreprises de se redéployer et reconquérir le marché local. Durant cinq à dix ans, certains segments du marché interne seront protégés à travers l'interdiction d'importation d'une liste de produits à définir en concertation avec les différents secteurs. Le gouvernement se fixera aussi comme objectif de réduire la facture d'importation de 20 milliards de dollars en introduisant des obstacles non tarifaires. Comme locomotive de relance, les experts plaident pour la création de 200 entreprises championnes. Des formations, qualifiées de «solides» dans les différents métiers industriels sont proposées en plus du projet de création des écoles spécialisées dans le secteur industriel. Dans un début, il est proposé de créer 5000 emplois dans le textile, principalement dans les métiers de marketing et de design afin d'apporter de la créativité à un secteur qui n'a pas résisté à la concurrence de l'informel et aux importations «sauvages». Pour se mettre au diapason de l'évolution internationale, il sera fait appel à des experts étrangers pour appuyer leurs homologues algériens. Un appel est lancé, par ailleurs, à l'adresse du gouvernement pour entretenir «un dialogue de consensus» dans le cadre d'une tripartite régulière à laquelle seront associés, souhaite l'expert, des représentants qualifiés pour discuter des questions économiques. «L'UGTA œuvre actuellement pour participer au débat national et s'ériger comme force de proposition», a-t-il relevé.