Décidés à bâtir un partenariat «unique», les officiels algériens et français ainsi que les hommes d'affaires des deux pays étaient unanimes à considérer jeudi, lors de la rencontre économique algéro-française, qu'il est plus que jamais nécessaire et «stratégique» de donner une nouvelle impulsion au partenariat économique entre les deux pays. Les ministres algériens qui se sont succédé à la tribune ont d'ailleurs présenté les multiples opportunités d'investissement qu'offrent leurs secteurs respectifs. Pour les ministres de l'Habitat et de l'Urbanisme et des Ressources en eau, les matériaux de construction et des ressources en eau offrent d'importantes opportunités de partenariat aux entreprises françaises et algériennes. Les deux ministres ont particulièrement mis en avant les possibilités d'investissement et de partenariat dans la production de matériaux de construction et la fabrication d'équipements et d'accessoires pour les matériels hydrauliques. «Je vous incite à lancer le maximum de partenariats dans les matériaux de construction, comme le ciment, la brique et l'argile, mais aussi dans tous les produits innovants qui peuvent faciliter la construction», a lancé Abdelmadjid Tebboune à l'adresse d'un parterre de chefs d'entreprises et d'hommes d'affaires français et algériens représentant différents secteurs industriels. Tout en rappelant le «retard immense» à rattraper dans le secteur de l'habitat, un retard induit par «la chute du prix du pétrole dans les années 1980» et «l'exode massif» dû au terrorisme, il soulignera que le secteur de l'habitat représente «un immense domaine de partenariat», d'autant plus que «les moyens financiers sont là», et que l'Etat a cette volonté de «moderniser nos villes à travers un bâti moderne qui permet une vie normale dans une cité». Il définira par là même les filières que l'Algérie cherche à développer dans le cadre de projets communs. Il s'agit du «ciment, de la brique et de tous les intrants qui entrent dans le logement, la boiserie, les fluides, l'électricité et les équipements de chauffage», a-t-il insisté. Par ailleurs, le ministre des Ressources en eau a affirmé que son département est intéressé par la promotion de relations de partenariat avec des entreprises françaises spécialisées dans la fabrication d'équipements moins «énergétivores» destinés aux installations hydrauliques. «Je serais très heureux de développer des partenariats avec des entreprises françaises pour promouvoir les technologies d'économies d'énergie dans le secteur des ressources en eau», a indiqué le ministre. Le représentant du Medef s'est dit pour sa part «attaché au développement d'une coopération très forte avec l'Algérie» qu'il souhaite inscrire dans le long terme. De son côté, M. Hamiani, président du Forum des chefs d'entreprises (FCE), a relevé que la diversification de l'économie nationale était «un enjeu de premier rang pour l'Algérie qui veut sortir du syndrome des pays qui se sont spécialisés dans l'exportation des hydrocarbures». Prenant la parole, la ministre française du Commerce extérieur Nicole Bricq a souligné que son pays «voulait aller avec l'Algérie au-delà de la relation commerciale», qualifiant la demande algérienne sur le renforcement des investissements français de «légitime». La ministre française, favorable à «des rendez-vous réguliers» entre Algériens et Français, a proposé de mettre en place «des champions binationaux», allusion faite aux Français d'origine algérienne. Son «rêve», c'est de créer «un marché unique» entre l'Algérie et l'Union européenne. «Nous allons le construire ensemble», soutiendra-t-elle. M. Jean-Pierre Raffarin, le «Monsieur Algérie» de la France, a plaidé quant à lui pour «une égalité partenariale» à travers des alliances entre les secteurs publics et privés «qui ont donné déjà des résultats concrets sur le terrain». L'axe France-Algérie est pour lui «une charnière vivante», le cœur d'une «existence ensemble» dans le monde. «Pour ceux qui trouvent l'Algérie compliquée, je dirai que la complexité existe partout. La complexité, il faut s'y habituer au lieu de la dénoncer».