Difficile d'imaginer au nord du pays, dans une des plus riches régions du pays, un hameau comprenant une cinquantaine de familles vivant dans la pauvreté, dans des conditions qui frôlent l'insoutenable.Cela existe malheureusement du côté de Oued El Alleug, à 10 kilomètres du chef-lieu de la wilaya de Blida. M. Ferhoul, président de l'apc de Oued El Alleug, reconnaît cet état et prévoit un «plan Marshall». «J'ai hérité d'une situation et je m'attelle à changer complètement l'image de ma commune ; je prévois un autre aménagement pour ce lieu qui doit devenir la vitrine de Blida et ces familles seront relogées ailleurs.» Il révélera qu'un recensement rigoureux a été réalisé et que tous les dossiers sont prêts. A la place, un plan de 540 logements sera réalisé sur un espace dépassant l'hectare. Dans le voisinage, la création de 70 emplois sera également possible à travers l'établissement d'un marché couvert qui mettra quelque peu fin à l'anarchie constatée sur place avec tous les revendeurs à la sauvette. A la cité communale, les habitants, réservés et même timides pour certains chefs de famille, montreront le lit de l'oued qui avait failli déborder et emporter alors le peu de biens et des vies humaines. Détritus, égouts à ciel ouvert, odeurs nauséabondes malgré les pluies, chemins boueux et difficiles d'accès. Une ancienne porcherie coloniale aménagée en lieu de résidence pour des familles algériennes, des citoyens de la République, dans une commune de plus de 45 000 habitants et qui viennent tout juste de bénéficier d'un réseau d'eau potable. «Nous devons payer la facture de l'eau, mais nous butons sur la collecte de l'argent parce que la plupart des chefs de famille ne travaillent pas», assurera un habitant qui affirme vivre dans ces lieux depuis… 1974. Cet autre homme de Aïn Defla dira être venu ici en 1992 pour fuir le terrorisme. «Célibataire en arrivant ici, je suis aujourd'hui marié et père de trois enfants dont l'aîné a 11 ans.» Il révélera n'avoir jamais déclaré habiter dans ces lieux et que pour tout document officiel il se rendait dans sa commune d'origine. Comment peut-il être recensé ? Où pourrait-il figurer ? Aura-t-il droit à un logement décent ? Quel est le tort de ses enfants ? Pour le président de l'apc, les enquêtes établies sont fiables et ne peuvent être discutées : «La famille qui n'a pas droit au logement devra retourner d'où elle est venue !» Comment les enfants ont-ils pu être scolarisés ? «Le plus normalement du monde», selon ce père, mais n'en dira pas plus. Un fait positif, la salle de soins fonctionne normalement et un médecin est présent quotidiennement, selon nombre de personnes sur place. Oignon, ail, pomme de terre, oranges et mandarines sont proposés aux automobilistes fréquentant la route. M. Ferhoul annoncera la création prochaine d'une déviation qui changera l'aspect des lieux. Les locaux à usage professionnel ont été distribués à leurs bénéficiaires, mais demeurent encore fermés. «Nous procédons à l'aménagement de l'espace et à son électrification», dira en guise de conclusion le président de l'Apc.