Les subventions des prix des produits énergétiques, dites "subventions implicites" ou indirectes, non incluses actuellement au budget de l'Etat en Algérie, devraient être soumises au vote du parlement dans le cadre de la présentation des budgets annuels, a proposé mardi un économiste algérien. "Pourquoi ne pas soumettre ces subventions au vote du parlement, pourquoi ne pas les restituer au secteur de l'énergie, sous forme d'une enveloppe budgétaire?", s'est interrogé M. Abdelatif Benachenhou, économiste et ancien ministre des Finances dans une conférence à Alger organisée par la banque HSBC-Algérie. Les exonérations fiscales profitant aux prix des produits énergétiques, estimées selon le PNUD (Plan des Nations Unies pour le développement) à 6% du PIB algérien, rappelle M. Benachenhou, "devraient être soumises au débat des parlementaires pour arriver à responsabiliser les sociétés nationales produisant ces produits", a-t-il insisté. Selon une récente étude du PNUD ayant exploité les données de l'Agence internationale de l'énergie (AIE), l'Algérie figure parmi les pays arabes qui subventionnent le plus les produits énergétiques avec 10,59 milliards de dollars (quelque 800 milliards de DA) consacrés à la subvention des prix de l'énergie en 2010. L'électricité a profité de 2,13 milliards dollars (quelque150 milliards DA) de subventions, tandis que les carburants ont coûté 8,46 milliards de dollars (environ 650 milliards de DA). Ces subventions représentent, selon l'organisme onusien, 6,6% du PIB algérien en 2010. D'autre part, l'économiste a plaidé pour une "nouvelle forme de subventions des prix" en Algérie, ciblant la personne démunie et non pas le produit lui-même, en appelant les autorités à procéder à une évaluation des résultats de la politique de subvention pour en tirer les conclusions. Outre les subventions implicites, la dépense sociale budgétisée en Algérie représente presque un quart du budget de l'Etat et 13% du PIB national. L'autre secteur qui compte "trop" sur les subventions de l'Etat est le logement, d'après M. Benachenhou. "Comment peut-on expliquer que 3% du PIB sont consacrés à la politique du soutien du logement dans le cadre du budget de l'Etat alors que les banques, qui croulent sous les surliquidités, ne consacrent que 1,2% du PIB pour financer le logement", s'est-il indigné. M. Benachenhou s'est dit par ailleurs "très préoccupé" par la baisse de la production du secteur des hydrocarbures qui enregistre, selon lui, "une croissance négative depuis 7 ans" et qui "aurait même reculé de 20% depuis 2005". Mais le représentant du ministère de l'Energie et des Mines, M. Ali Hached, présent à la rencontre, a rassuré quant à une "reprise attendue" de cette production qui affichait cependant une "légère baisse, à hauteur de 5 à 6%, depuis 2008".