Les prix des fruits et légumes continuent d'augmenter en raison des intempéries enregistrées depuis plus d'une semaine. Le mauvais temps rend leur cueillette quasiment impossible. La main-d'œuvre devient de plus en plus chère et les mandataires en profitent pour alimenter la spéculation. Résultat : sur le marché du détail, tous les prix flambent. A l'entrée du marché de gros des Eucalyptus, un mandataire annonce la couleur sur une pancarte. Le prix d'un kilo de poivrons de qualité moyenne est affiché à 85 DA et la qualité supérieure à 120 DA. Les pommes de terre font entre 55 à 75 DA et la tomate 80. La carotte peut atteindre les 110 DA et la courgette 85. Les oignons ont la cote également et le prix du kilogramme a atteint dans la matinée d'hier les 80 DA, tandis que la laitue atteint les 90 DA. Le mandataire, très à l'aise sur sa chaise à bascule, ne prend pas la peine de négocier avec les clients, même les plus fidèles. «La qualité se paye», ironise-t-il, ajoutant que la collecte se fait dans des conditions critiques en raison de la grêle et de la boue. «La main-d'œuvre se fait rare et devient inaccessible durant le mauvais temps ; du coup cela influe sur les prix des produits», explique l'adjoint du directeur du marché qui a requis l'anonymat. Le prix du kilogramme d'ail local n'a par ailleurs pas baissé. Il varie entre 180 et 260 DA. Pour les fruits, les prix ne sont pas plus abordables. Le fruit de saison favori des Algériens, l'orange, est à 120 DA et peut atteindre les 220 DA lorsqu'il s'agit de qualité supérieure. Le consommateur est de plus en plus lésé, particulièrement en l'absence d'une vraie association de protection du consommateur. «On ne comprend plus rien. Du jour au lendemain, les prix augmentent et on ne peut même pas protester contre ces hausses inexpliquées», s'indigne un père de famille rencontré au marché Ali-Mellah à Alger, qui ajoute que le pouvoir d'achat de la plupart des Algériens est en constante dégringolade. Le kilo de pomme de terre chez le détaillant est en effet à 90 DA, la tomate à 110 DA et la laitue à 120. L'Union des commerçants et des artisans algériens (Ugcaa) déclare que cette hausse était tout à fait prévisible soit en raison de la baisse de production, soit que la demande est plus forte que l'offre. Outre les intempéries et la production faible, Tahar Boulenouar, porte-parole de l'Ugcaa, a justifié cette situation également par le manque de marchés de proximité. Il confirme dans le même contexte que les écarts sont énormes entre les prix de gros et de détail. La même source estime que les prix de la vente en gros ont augmenté de 12% par rapport à la semaine dernière. Ces hausses touchent pratiquement tous les légumes. Dans le détail, il déclare que l'approvisionnement des marchés de gros n'est pas chose aisée avec les intempéries, quand plusieurs routes sont coupées à la circulation. Farid Touami, le président de la Coordination des marchés de fruits et légumes, minimise l'impact des intempéries, estimant que cette montée vertigineuse n'a touché que trois à quatre produits agricoles mais de base, comme la pomme de terre ou la tomate. Selon lui, la normale sera de retour une fois le ciel dégagé. Par ailleurs, il affirme que la fin de l'hiver sera suivie d'un vide ou d'un manque de produits. Et bien que ce vide soit saisonnier et tout à fait habituel, la hausse des prix des fruits et légumes atteindra les 20%.