Rached Ghannouchi, chef du parti islamiste Ennahda, a de nouveau contredit samedi le Premier ministre tunisien et numéro deux de sa formation, en assurant que les islamistes n'étaient pas prêts à céder le pouvoir, alors que le pays traverse une profonde crise politique. "Rassurez-vous, Ennahda se porte bien (...) et ne cèdera jamais le pouvoir tant qu'il bénéficie de la confiance du peuple et de la légitimité des urnes", a clamé le dirigeant islamiste à la fin d'une manifestation de ses partisans sur l'avenue Bourguiba, dans le centre de Tunis. Selon lui, Ennahda fait l'objet depuis son arrivée au pouvoir, il y a un peu plus d'un an, d'une "série de complots" qui ont culminé avec la proposition d'un gouvernement de technocrates (...) ce qui équivaut à un coup d'Etat contre le gouvernement élu". Cette prise de position souligne le rejet de M. Ghannouchi de la proposition du Premier ministre Hamadi Jebali de former un gouvernement de technocrates pour sortir le pays de la crise politique qui a été aggravée par l'assassinat de l'opposant Chokri Belaïd, le 6 février. "Ennahda est la colonne vertébrale de la Tunisie et la briser ou l'exclure porterait atteinte à l'unité nationale du pays", a-t-il martelé. Il a dénoncé des tentatives de diaboliser Ennahda et de dépeindre le parti comme "hostile aux libertés, à la démocratie, et aux droits de la femme". Plus de 15.000 partisans d'Ennahda ont participé à la manifestation destinée à soutenir le droit des islamistes à continuer à diriger le gouvernement.