La presse algérienne a atteint un niveau de développement "plus qu'appréciable", même si elle "ne satisfait pas tout le monde", a indiqué samedi à Alger l'universitaire Belkacem Ahcène-Djaballah. "La presse algérienne a atteint un niveau de développement appréciable, plus particulièrement au plan quantitatif, notamment après les événements du 5 octobre 1988 qui ont permis de libérer le champ d'expression et réformer une bonne partie du champ médiatique", a relevé M. Ahcène-Djaballah lors d'un colloque sur le thème "cinquante ans de médias algériens: questions d'histoire, réalités et défis de liberté d'expression". Rappelant qu'avant la promulgation de la loi relative à l'information de 1990, le secteur de la presse en Algérie ne comptait que quelques quotidiens et hebdomadaires qui étaient "contrôlés par l'Etat", le conférencier a noté qu'il y avait des "moments et des espaces de liberté, mais qui étaient assez vite redressés dès que le pouvoir voyait que les lignes rouges étaient franchies". "Cela se passait généralement en douceur, d'autant que l'autocensure avait gagné du terrain", a-t-il fait remarquer. L'orateur s'est, en outre, étalé sur les deux dernières décennies qu'il a qualifiées de "bond qualitatif" dans le parcours de la presse algérienne, citant plus particulièrement l'arrivée sur la scène médiatique de plus de 320 titres, recensés à la fin 2012. S'agissant du secteur de l'audiovisuel, M. Ahcène-Djaballah, qui a occupé plusieurs postes au sein des médias publics, a regretté le fait qu'il n'existe, en Algérie, qu'une seule entreprise de télévision qui se décline en cinq programmes, "dont les contenus se recoupent à 80%, mais se ressemblent". De son côté, le journaliste Boukhalfa Amazit a indiqué que les luttes engagées par la corporation de la presse "n'ont pas encore abouti", estimant que la presse indépendante "n'a pas tenu tous ses engagements". L'Etat, a-t-il dit, "demeure l'acteur principal (dans ce domaine) par sa maîtrise des sources d'information et sa domination des leviers industriels et financiers. Il contrôle en amont la manne publicitaire et en aval la fabrication", a-t-il expliqué. Le conférencier a exprimé, par la même occasion, sa conviction que si le monopole de l'Etat sur l'impression et la publicité sera levé, plusieurs titres de la presse disparaîtront. Ce colloque, organisé par l'association "les amis de Abdelhamid Benzine", regroupe des journalistes et des universitaires qui se pencheront, deux jours durant, sur l'évolution de la presse écrite et du paysage médiatique national depuis l'indépendance.