Barack Obama devrait laisser de côté les sujets qui fâchent en retrouvant jeudi son prédécesseur George W. Bush, qu'il avait vertement critiqué pour conquérir le pouvoir en 2008, mais avec qui il entretient désormais un "lien particulier". M. Obama doit participer dans la matinée à l'inauguration de l'immense centre présidentiel George W. Bush à Dallas, grande ville du Texas (sud) où le 43e président des Etats-Unis s'est retiré au terme de deux mandats marqués par le 11-Septembre, deux guerres et la pire crise économique depuis les années 1930. Rare alignement, les cinq chefs de l'exécutif de la première puissance mondiale encore en vie (outre MM. Obama et Bush, Bill Clinton, George H.W. Bush et Jimmy Carter) sont attendus sur place. Depuis qu'il a succédé à M. Bush à la Maison Blanche le 20 janvier 2009, M. Obama s'est efforcé de tirer un trait sur l'héritage qu'il lui a laissé, en retirant les soldats américains d'Irak et en réduisant la voilure en Afghanistan, tout en essayant de faire sortir les Etats-Unis de la crise. Une continuité de sa campagne de 2008, lors de laquelle il avait vilipendé les huit années au pouvoir de l'ancien gouverneur du Texas. Mais une fois installé dans le Bureau ovale, M. Obama n'en a pas moins emboîté le pas au républicain dans certains domaines, comme les attaques de drones contre les extrémistes islamistes présumés, une "guerre secrète" controversée. Au delà de leurs appartenances politiques opposées, MM. Obama et Bush n'ont pas d'atomes crochus évidents: 15 ans, presque une génération, les séparent. M. Bush est connu pour ses décisions "prises avec les tripes", M. Obama pour sa prudence. L'éloquence du 44e président contraste avec la diction heurtée et la syntaxe parfois bancale de son prédécesseur. Critiques en sourdine Mais jeudi, M. Obama a l'intention d'évoquer ce qui le rapproche de M. Bush, a confié le porte-parole de la Maison Blanche, Jay Carney. Le président "pense qu'il existe un lien particulier entre ceux qui ont servi leur pays depuis le Bureau ovale", selon lui. "Aucun emploi ne ressemble à cela, et très rares sont ceux qui l'ont occupé", a-t-il ajouté. Des paroles apaisantes, loin des attaques de Barack Obama qui en pleine campagne de 2008 avait dénoncé "la politique frappée d'échec" de l'équipe républicaine alors au pouvoir, et avait tenté d'associer son adversaire de l'époque, John McCain, aux "politiques ratées de George W. Bush". Deux semaines avant de remporter la présidence, M. Obama avait même estimé que "la crise économique marque le verdict de l'échec du pouvoir" sortant. Mais en mai 2012, six mois avant de conquérir un second mandat, M. Obama avait mis ses critiques en sourdine, remarquant face à M. Bush, venu à la Maison Blanche pour la présentation de son portrait officiel, que "nous avons peut-être des opinions politiques différentes, mais la présidence transcende ces différences". Il avait aussi salué celui qui avait "communiqué une résolution et une force extraordinaires" aux Américains après le 11-Septembre. Et en 2011, après la mort d'Oussama ben Laden dans un raid de commando américain, M. Obama avait appelé son prédécesseur pour lui annoncer la nouvelle en primeur. La Maison Blanche de M. Obama apprécie de son côté que M. Bush ne soit pas sorti de sa réserve ces quatre dernières années pour critiquer l'exécutif démocrate, un rôle qu'a en revanche endossé l'ancien vice-président Dick Cheney. "Ma vie est évidemment bien plus simple que dans le passé, mais la simplicité est d'une certaine façon source de satisfaction", a confié M. Bush, récemment devenu grand-père, cette semaine au journal USA Today.