L'affaire de l'ancien responsable de la CIA en Algérie a suscité diverses réactions à travers la presse nationale.Le plus étonnant parmi ces réactions aura été cette levée de boucliers dans certains canards, qui en ne voulant pas se limiter au simple fait divers ou aux déviations sexuelles d'un haut fonctionnaire, se sont mis en droit de s'interroger sur la présence d'une antenne d'un service secret étranger. Mieux, cette presse s'étonne même sur le pourquoi du mutisme du gouvernement quant à la présence de la CIA en Algérie et pourquoi il n'a pas jugé utile d'en informer l'opinion publique, c'est-à-dire la presse.Pourtant, les usages diplomatiques partout dans le monde admettent ce genre de présence de représentants des services secrets dans les ambassades (et donc sur un territoire étranger), avec la qualité de diplomate. Tout les pays qui ont les moyens ne s'en privent pas, même l'Algérie. De plus, tous les initiés de ce monde de l'ombre savent que les services d'espionnage et de contre-espionnage ne se regardent pas souvent en «chiens de faïence», mais coopèrent le plus normalement dans l'échange d'informations, parfois les plus sensibles, notamment depuis ces dernières années, avec l'émergence des réseaux terroristes et de la grande criminalité liés aux vastes trafics d'armes et de drogues qui financent ces activités illégales et le commerce d'autres matières délicates, comme des composants chimiques ou nucléaires. D'ailleurs, depuis quelque temps, l'opinion publique sait qu'il existe une réelle collaboration entre nos services et ceux des Etats-Unis, une coopération qui s'est davantage intensifiée depuis les méga-attentats du 11 septembre 2001 et les menaces que profèrent des groupes terroristes locaux à l'encontre des intérêts US ou contre leurs ressortissants. L'exemple du Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC), qui se veut le prolongement de l'organisation Al Qaïda, en est la meilleure illustration. Alors, s'étonner ou feindre l'étonnement sur la présence d'un agent de la CIA, officiellement inscrit parmi le personnel diplomatique américain, est une réaction grossière, un leurre ou un maladroit prétexte pour «trouver des poux» dans la tête du pouvoir. Car cette presse sait par contre que le Département d'Etat américain ne dévoilera jamais, au grand jamais, les incartades, les agissements, les délits ou les crimes maquillés commis parmi ces agents opérationnels qui ne possèdent ni passeport diplomatique ni une quelconque immunité, et qui opèrent sous le sceau du secret dans des habits d'ingénieurs, d'hommes d'affaires, de professeurs d'université ou de chercheurs émérites, voire comme de simples… reporters. Le plus inquiétant dans les affaires d'espionnage n'est pas la présence d'un agent de la CIA dûment reconnu dans l'enceinte de son ambassade, mais plutôt des agents «locaux» recrutés pour de sales besognes au moyen de chantage de différents types ou pour de l'argent.