Les ministres des Affaires étrangères et les représentants de 70 pays se réuniront, aujourd'hui à Rome, à l'invitation du gouvernement italien, pour se pencher sur le projet de réforme du Conseil de sécurité, déjà en débat depuis un certain nombre d'années. Un premier contact a eu lieu hier au cours d'un dîner officiel dans la capitale italienne, entre les chefs de la diplomatie des pays qui plaident pour un Conseil de sécurité «plus efficace, transparent et démocratique». «Plus efficace» cela veut dire dans le langage des juristes qui suivent cette procédure faire en sorte que les décisions de l'organe suprême de l'ONU soient exécutoires comme le stipule clairement la charte de San Francisco.Les exemples ne manquent pas des cas de résolutions de l'ONU qui sont restées sans effet, ce qui a fini à terme par entamer sérieusement la crédibilité des Nations unies. Israël n'a appliqué aucune résolution onusienne depuis la fameuse 242 qui l'oblige, en théorie, à revenir aux frontières de 1967. Le Sahara occidental est toujours sous occupation militaire.Là encore, par manque de volonté politique du CS de faire valoir ses décisions ou par l'obstruction de certains grands alliés de la puissance occupante, l'organisation internationale n'a pas les mains libres pour honorer ses engagements. Commet donc faire valoir sur le terrain et par la contrainte la volonté exprimée de la communauté internationale dans les situations de menace à la paix et à la sécurité dans le monde, comme le prévoit le chapitre VII de la charte de l'ONU ?«Transparent» cela veut dire agir dans le cadre de l'ONU et le respect de la légalité internationale. Or que s'est-il passé en Irak ? L'ex-président Bush Jr a agi, en 2003, de manière unilatérale après avoir, vainement, tenté d'impliquer les Nations unies dans une aventure aux conséquences désastreuses, au plan humanitaire bien sûr par le cas d'agression contre un peuple et un pays souverain.Au plan du droit international, l'ex-président des Etats-Unis a démontré que l'action unilatérale a pris le dessus sur l'action multilatérale. D'ailleurs, l'usage du veto automatique pour protéger Israël de la sanction internationale est en soi suffisant pour conclure que pour certaines puissances occidentales, le Conseil de sécurité ne vaut que comme instrument de légitimation, le cas échéant, pour une volonté de puissance imposée.Enfin, par «réforme démocratique» il faut entendre, surtout et d'abord, meilleure représentation. Les cinq continents sont restés les «otages» du veto des puissances qui jouissaient, exclusivement, du privilège de la responsabilité internationale, en vertu des deux guerres qu'elles ont menées. Depuis 1945, date de la fin de la Seconde Guerre mondiale, les membres permanents du Conseil de sécurité sont les mêmes, en dehors de la Chine et de l'Allemagne dont l'entrée est plus récente.Le champ d'investigation n'a pas davantage évolué puisque tout tourne autour de la paix et de la sécurité dans le monde – certes fondamentaux – comme si les maladies endémiques et la famine ne font plus de morts et de réfugiés que les guerres et que le changement climatique ne menace pas de mort toute la planète. Pourtant, la carte du monde a changé, après plus de soixante ans, puisque de grandes nations ont émergé, au plan économique, sur la scène internationale.L'Inde, le Brésil, l'Afrique du Sud, le Mexique ou l'Argentine, des économies émergentes du tiers-monde font parfois de la croissance à deux chiffres pendant que le meilleur des pays du G8 n'en dépasse pas, aujourd´hui, les 2%, et participent donc pleinement à la richesse mondiale. Pourquoi donc, comme dirait le ministre espagnol des Affaires étrangères, ne pas rendre obligatoire la contribution des pays riches à l´éradication de la pauvreté dans le monde ?Telle devrait être l'une des missions du CS du fait que si les maladies et la famine font plus de victimes que les guerres, il y a donc peuples en danger de mort. Le tiers-monde revendique, aujourd'hui, légitimement, son droit d'être représenté par des membres permanents au Conseil de sécurité.Il s'agira en définitive, aujourd´hui à Rome, d'identifier les principes que partagent le maximum de pays autour de la réforme du Conseil de sécurité, en prévision des négociations intergouvernementales du 19 février à New York sur le même thème. Ahmed Merabet