Le sommet extraordinaire de Rome, marquant le lancement des tractations finales sur la Constitution européenne, s'est ouvert hier à 10h15 locales (08h15 GMT), sur fond de clivages entre "grands", "petits" et futurs membres de l'Union européenne élargie. La rencontre des chefs d'Etats et de gouvernements de l'UE à 25 pays se déroule sous haute sécurité, avec près de 10 000 policiers mobilisés pour contenir les dizaines de milliers de manifestants syndicaux et altermondialistes attendus pour l'occasion dans la "Ville éternelle". Hôte de la réunion, le président du Conseil italien Silvio Berlusconi, dont le pays est à la tête de l'UE jusqu'au 31 décembre, a réuni ses homologues au Palais des Congrès de l'EUR, un quartier de la périphérie nord de Rome, construit à l'époque fasciste pour magnifier le régime de Benito Mussolini. Après un début solennel des travaux constitutionnels, les dirigeants européens cèderont la place samedi après-midi à leurs ministres des Affaires étrangères pour une première session de négociations effectives sur le projet de Constitution préparé par la Convention sur l'avenir de l'Europe. "Aujourd'hui, c'est la conférence de la volonté européenne, de l'Europe qui veut être Europe", a déclaré M. Berlusconi, en ouvrant le débat des chefs d'Etats et de gouvernements, dans une vaste salle circulaire surchauffée, ornée de fresques en trompe-l'oeil copiant le style antique. "Je suis certain que nous serons capables de faire prévaloir ce qui nous unit sur ce qui nous divise. Mon profond espoir est de terminer dans les délais prévus avec un accord unanime", a-t-il ajouté. Silvio Berlusconi espère parvenir à un accord sur un texte constitutionnel définitif lors du sommet de Bruxelles des 12 et 13 décembre prochains, pour accueillir en mai 2004 à Rome la signature du nouveau traité, 47 ans après l'acte de naissance de la construction européenne. Il est soutenu principalement par les cinq autres pays fondateurs de la communauté européenne (France, Allemagne, Belgique, Pays-Bas, Luxembourg) et par le Royaume-Uni, qui veulent éviter un "détricotage" du projet préparé par la Convention. Mais un front hostile au texte s'est constitué face à eux, qui regroupe la Pologne et les nouveaux adhérents issus du bloc soviétique, l'Espagne et les petits Etats membres comme l'Autriche et la Finlande. Le coeur de la bataille va se livrer sur le volet institutionnel de la Constitution, celui qui doit permettre à l'UE de prendre des décisions à 25 et de peser sur la scène internationale. C'est sur cette partie — votes et droit de veto au sein des réunions ministérielles européennes, représentation des Etats membres à la Commission de Bruxelles — que toutes les tentatives précédentes se sont brisées. Un autre sujet délicat à trancher sera aussi la référence au christianisme réclamée par le pape Jean Paul II.