Touzène Hachimi, secrétaire général de l'association Amusnaw, et Faroudja Moussaqui (CFPN), partenaires du projet «Tourisme solidaire en Kabylie», nous livrent leur point de vue. Les trois associations partenaires font partie du réseau de distribution AREMED créé au Maroc. Présent dans 9 pays, ce réseau regroupe autour d'une charte toutes les associations qui s'occupent du tourisme solidaire. LeTemps d'Algérie : Vos associations sont partenaires du projet «Tourisme solidaire en Kabylie». De quoi s'agit-il exactement, comment et quand est né ce projet ? Faroudja M. : Le projet est né sur proposition du CFPN à l'occasion de la marche mondiale des femmes qui a eu lieu à Marseille en mai 2005.Nous avons saisi l'occasion de l'organisation d'une rencontre par le FFM, (forum femmes Méditerranée) et l'Institut de la Méditerranée sous le thème, «Femmes de Méditerranée», pour faire la proposition au FFM de Marseille de travailler sur un projet portant sur le tourisme chez l'habitant en Kabylie et dont l'objectif est de générer des revenus au profit des femmes. Un terrain d'entente a été vite trouvé entre nos deux associations.En mars 2006, l'association culturelle Amusnaw a été associée au projet sur la base de la signature d'une convention de partenariat. Les objectifs de ce projet sont, évidemment, d'ordre strictement socioéconomique. Oui, outre l'apport de revenus au profit des familles, ce qui est aussi recherché c'est la valorisation du travail des femmes et la mise en valeur de leur compétence et savoir-faire personnels, à travers la rétribution de toutes les tâches qu'elles seront amenées à accomplir. La création de l'activité d'hébergement ou de restauration chez l'habitant ou d'activités artisanales semble être un compromis dans un premier temps qui consiste à permettre aux femmes de cumuler et de mettre en adéquation leur fonction d'agents économiques et leurs charges familiales. Le projet vise aussi à promouvoir la formation destinée en premier lieu aux femmes, ensuite aux jeunes dans des domains très variés comme l'hébergement en chambre d'hôte, la restauration chez l'habitant, la location d'appartement ou de maison indépendants, la commercialisation de produits du terroir, l'organisation de randonnées et de visites guidées, la mise en place d'ateliers d'artisanat, l'organisation d'activités d'animation pour la promotion de la culture locale… Justement, quel bilan faites-vous de ce projet que vous avez entrepris, depuis plus de deux ans, je crois ? Touzène H. : Nous sommes très avancés dans la mise en œuvre du projet. Nous avons commencé par effectuer des sorties de prospection et de choix de sites pour accueillir les gîtes solidaires. Nous avons fait plusieurs réunions avec les représentants des villages ciblés et qui nous semblent adaptés aux exigences du projet. C'est le cas de Zoubga, Ath Yenni, Taourirt Mokrane, Maâtkas, Azeffoun, Redjaouna, retenus comme villages pilotes et qui se situent aux quatre coins de la wilaya de Tizi Ouzou. Des exercices de simulation d'accueil ont même été faits : des étrangers ont été hébergés à Maâtkas, Taourirt Mokrane ainsi qu'à Redjaouna. Il s'agit de tester nos capacités d'adaptation aux exigences et aux spécificités qu'exige une telle entreprise. Nous avons aussi une campagne de collecte de fonds nécessaires au démarrage effectif du projet. Nous sommes tout à fait optimistes et satisfaits de notre démarche et nous comptons sur le soutien ferme de nos contributeurs, à l'exemple du service de la coopération de l'ambassade de France qui a déjà financé le premier séminaire de travail et d'évaluation qui s'est tenu à Ath Yenni. Il a regroupé l'ensemble de nos partenaires, les représentants des villages concernés, les femmes artisans qui sont les cibles essentielles de ce projet. Il y a, me semble-t-il, un retard dans la mise en œuvre du projet ? Il ne s'agit pas de retard. Nous nous sommes donnés le temps qu'il faut pour une bonne maturation du projet. Nous avons mis à profit tout ce temps pour la mise en place d'un bon encadrement des visites et de l'accueil, à travers, notamment, la formation des familles d'accueil et des guides touristiques. Nous avons également lancé une campagne de sensibilisation en direction de notre clientèle cible, en collaboration avec nos partenaires associatifs, en France et en Espagne. Dans moins d'un mois, au courant du mois de mars, nous nous apprêtons à recevoir un groupe de touristes français venant de La Roche- sur-Yon, pour être plus précis, et un autre de Marseille. Le premier groupe visitera la Kabylie et le Sud algérien et le second fera le tour de la Kabylie. L'hébergement et l'accueil se feront, bien sûr, chez l'habitant.