La réponse du ministre de l'Energie et des Mines, Youcef Yousfi, le 20 juin, à une question sur la corruption dans son secteur n'a pas convaincu le député Lakhdar Benkhelaf du FJD qui a demandé, conformément aux dispositions de la loi, l'ouverture d'un débat général sur la corruption. M. Benkhelaf, qui avait posé la question au ministre, s'est appuyé dans cette demande sur l'article 134 de la Constitution qui permet à un député d'initier une telle démarche s'il juge non convaincante la réponse d'un des ministres à une question posée par les députés, lors d'une séance en plénière. Selon nos sources, 23 partis d'opposition ont adhéré à cette initiative. Néanmoins, le Front de libération nationale (FLN), le Rassemblement national pour la démocratie (RND), le Front des forces socialistes (FFS) et le Parti des travailleurs (PT) n'ont pas participé pour différentes raisons. Certains députés contactés par nos soins se sont exprimés sur le sujet. Chafaâ Bouaïche (FFS) : «Nous n'avons rien refusé» «Le Front des forces sociales (FFS) a toujours milité et lutté contre la corruption sous toutes ses formes», nous a affirmé le chargé de communication du parti politique Chafaâ Mustapha Bouaïche, au sujet du «refus» du FFS de signer en faveur d'un débat sur la corruption. «Le FFS n'a jamais été sollicité, ni en tant que groupe parlementaire ni en tant que parti politique, pour adhérer à cette initiative», a-t-il précisé. Ajoutant : «Nous n'avons rien refusé. Il s'agit d'une initiative personnelle d'un député d'un parti politique islamiste et seul M. Bouchachi a signé cette requête, puisque c'est le seul à avoir été sollicité par ce député.» Par ailleurs, M. Bouaïche a indiqué que sa formation politique n'a rien à se reprocher pour ne pas vouloir initier un tel débat. «Depuis cinquante ans, le FFS milite et lutte contre la corruption. Nous n'avons attendu personne pour le faire», a-t-il ajouté. Belayat : «Le FLN est un parti meneur» Selon une source bien informée, 35 députés du Front national de libération (FLN) ont signé en faveur de cette initiative. «Ils sont 35 députés à l'Assemblée à avoir signé cette demande. C'est à titre individuel, le groupe parlementaire ne s'est pas engagé en faveur de cette initiative», a ajouté notre source, sans préciser si le groupe parlementaire du FLN était sollicité pour la signature ou pas. Par ailleurs, le coordinateur national du FLN, Abderrahmane Belayat a expliqué, de son côté, que si le FLN voulait ouvrir un débat sur la corruption, il n'attendrait pas d'autres partis politiques pour le faire. «Nous sommes un parti leader et nous avons la majorité des sièges au niveau de la chambre basse, donc si on veut débattre sur n'importe quel thème, on pourra réunir le nombre nécessaire de signatures», a-t-il soutenu. Il a ajouté que «le FLN n'est pas un parti suiveur et que c'est à lui de prendre les initiatives». Au sujet des 35 députés FLN qui ont «signé» en faveur du débat, M. Belayat a indiqué que ceux là, «devront prendre la responsabilité qui incombe», sans préciser s'ils seront sanctionnés par le groupe parlementaire ou non.
Ramdane Taâzibt : «Le PT ne s'est pas opposé» Ramdane Taâzibt du Parti des travailleurs (PT) a indiqué, de son côté, que sa formation politique ne s'est jamais opposée à cette initiative. Il a précisé que le PT ne se prononce pas sur les volontés des autres partis politiques au niveau de l'APN. Il a indiqué qu'à titre personnel, il était d'accord avec le principe de la proposition de M. Benkhelaf du FJD. Par la suite, il a noté qu'il n'a pas été sollicité par ce député pour la signature de cette requête. Pour ce qui est de son groupe parlementaire, il a affirmé qu'il ne pouvait pas se prononcer sur ce sujet. Par ailleurs, les députés devront attendre maintenant la réponse du bureau de l'APN. Ce dernier devrait se réunir la semaine prochaine pour statuer sur le fond et la forme de cette demande. Abdelaziz Ziari, le prédécesseur de Larbi Ould Khelifa à la tête de l'Assemblée, avait refusé toutes les demandes formulées par les députés pour l'ouverture d'un débat général à l'APN, prétextant un vide dans le règlement intérieur de la chambre basse.