L'action de déjeuner en plein jour en ce mois de Ramadhan, tenue le samedi 3 août à la place de l'Olivier de la ville de Tizi Ouzou, ne fait pas, apparemment, l'unanimité dans la région. En guise de réponse aux non-jeûneurs, environ 500 fidèles ont, à leur tour, organisé une prière collective au même endroit où s'est déroulée cette action, lundi au moment de la rupture du jeûne. Les initiateurs de cette action veulent faire savoir à l'opinion nationale que les non-jeûneurs ne sont pas une majorité à Tizi Ouzou. Une rupture de jeûne collective a été aussi organisée par les fidèles. «Nous sommes ici pour dire au monde entier que les Kabyles sont des musulmans depuis 14 siècles et cette religion a été pratiquée depuis la nuit des temps par nos aïeux. La poignée des non-jeûneurs n'est qu'une minorité et ne représente qu'eux-mêmes», nous dira un fidèle sur place. Il est à signaler que l'action s'est déroulée dans le calme. Comme samedi dernier, aucun incident n'a été signalé lundi soir. Un énorme dispositif sécuritaire a été déployé afin de parer à tout dérapage. L'endroit où a été tenue la prière collective a été ceinturé par les policiers. Certains habitants de la ville de Tizi Ouzou craignaient même la confrontation entre les deux camps. A cet effet, certains imams et une bonne partie des fidèles ont appelé la population locale à ne pas prendre part à l'action de la prière à la place de l'Olivier. Une grande polémique a vu le jour depuis le passage à l'acte des non-jeûneurs à Tizi Ouzou. Pour les uns, c'est un acte provocateur envers une société majoritairement musulmane, pour d'autres, c'est un acte de tolérance et un pas vers le respect de la liberté et de la démocratie. Dénominateur commun : l'ensemble des habitants de Tizi Ouzou, jeûneurs et non-jeûneurs, est contre la venue de l'ex-numéro 2 du FIS (dissous), Ali Belhadj. La participation de certains repentis terroristes au rassemblement de lundi soir, a soulevé aussi un tollé général. «Je suis contre les deux actions. Il ne faut pas créer de problèmes là où ils n'existent pas. Nos problèmes quotidiens sont ailleurs et la pratique religieuse ou la non-pratique n'a jamais posé de problèmes en Kabylie. Les initiateurs de ces deux rassemblements ne sont que les deux minorités des deux extrêmes. La majorité qui prône la sagesse des Kabyles voit les choses autrement», nous déclarera un vieux de la capitale du Djurdjura. Notons qu'hormis le Mouvement pour l'autonomie de la Kabylie, la classe politique au niveau local s'est tenue à l'écart de ces deux évènements.