Les pro et les anti-Benflis ne manqueront pas de se donner en spectacle. C'est une session d'automne très chaude à laquelle s'attendent les députés de l'Assemblée populaire nationale (APN). La chambre basse du Parlement reprend ses travaux aujourd'hui, après deux mois de vacances et d'ores et déjà, deux dossiers brûlants attendent les élus à l'entrée. Le premier est la demande de constitution d'une commission d'enquête parlementaire sur la suspension de six titres de presse privés durant le mois écoulé, que devrait présenter le groupe parlementaire du Front de libération nationale (FLN). Pour faire aboutir cette requête, il est fort possible que le parti de Benflis puisse bénéficier de l'appui du parti des Travailleurs (PT) de Louiza Hanoune et du Mouvement El-Islah de Abdallah Djaballah, deux partis qui ont exprimé officiellement leur hostilité à la mesure dont ont fait l'objet certains titres de la presse privée. Cet appui éventuel pourra-t-il se transformer en alliance stratégique au sein de l'hémicycle Zighoud-Youcef? Surtout qu'un vent de dissolution de l'Assemblée plane depuis le clash antre les pro et les anti-Benflis, le 14 août dernier à la Foire d'Alger. Et c'est là, le deuxième dossier chaud qui attend nos vénérables députés. D'autant que le conflit qui sévit toujours au sein du parti majoritaire n'a pas trouvé de règlement. A ce propos, des députés influents du groupe hostile à Ali Benflis et à la direction actuelle du FLN, envisagent plusieurs scénarios qui vont du retrait du groupe parlementaire et de leur constitution en un groupe autonome, quitte à ce que cela profite à leur adversaire direct, le RND du Chef du gouvernement, Ahmed Ouyahia. Ou bien encore, demander la dissolution pure et simple de l'assemblée. Le porte-parole du RND, M.Miloud Chorfi, a de son côté, jeté un pavé dans la mare lors de la conférence de presse qu'il a animée au siège du parti au lendemain de la suspension des journaux en qualifiant de «médiocre» l'ambiance qui règne dans la scène politique algérienne. A propos du FLN, l'orateur a dénoncé la tentative d'utilisation du gouvernement et de la rue pour régler des différends intrapartisans, a ajouté que le FLN ne détenait plus la majorité au sein des assemblées locales. M.Chorfi a promis que dès la reprise de l'APN, aujourd'hui, il pourrait y avoir des surprises pour le parti de Ali Benflis. Dans ce climat de tiraillements et d'incertitudes, il est pour le moins difficile, à l'heure actuelle, de pronostiquer que des pro ou des anti-Benflis, aura le dernier mot dans ce bras de fer engagé depuis des mois et qui élira domicile à partir d'aujourd'hui, à l'hémicycle. De plus, comment fera Karim Younès, président de l'APN et troisième homme de la République pour faire régner la sérénité dans l'assemblée. Etant issu du FLN et réputé un des hommes les plus proches de Ali Benflis, il lui sera très difficile d'observer la neutralité dans ce conflit larvé. Enfin, il sera difficile également pour le Chef du gouvernement de faire avancer ces nombreux projets de lois censés accélérer la prise en charge des préoccupations immédiates des citoyens.