La vacance du poste de président divise la direction. Avant la tenue de son congrès prévue théoriquement pour mars 2003, la formation politique Ennahda semble se bipolariser. Les militants, et notamment la direction du parti, seraient désemparés et semblent graviter autour de deux pôles quasiment en discorde. En effet, une source sûre et très au fait des affaires internes du parti dévoile qu'un conflit serait né entre Fateh Rebaï, actuel président par intérim, et Abdelouahab Derbal, ex-ministre délégué chargé des relations avec le Parlement, et ce, à la suite de la vacance du poste de président, une situation induite par la déconfiture de cette formation lors des dernières élections. L'opposition entre ces deux personnalités semble être, pour le moment, latente, c'est-à-dire sans manifestations externes, car d'une part, confinée dans l'atmosphère liée aux préparatifs du congrès et, d'autre part, en raison du fait que les partis islamistes, pour éviter d'être exposés aux attaques politico-médiatiques, préfèrent, tant bien que mal, «laver le linge sale en famille». De plus, l'arrivée de Fateh Rebaï aux commandes du parti, aurait été «saluée par la majorité» de la base militante car, explique la source, celui ci, ayant le vent en poupe, aurait vite fait dans un changement du cap mis jusque-là sur «des choix» de Adami «proches» de la démarche officielle. Il faut dire que Rebaï aurait compris le message émanant de la base du FIS dissous qui consisterait, rappelons-le, à procéder d'abord à un «désherbage» car le parti serait «inféodé au pouvoir» (voir L'Expression du 11 janvier 2003), pour, ensuite, pouvoir prétendre à l'appui et à «la confiance» de la base militante du FIS dissous, faisant actuellement objet de convoitise de la part des partis islamistes aux desseins de recharger les batteries vidées, peut-être, par une déshérence découlant de cette décennie de violence terroriste. Par ailleurs, le retrait de Adami du poste de président ne serait point venu pour concrétiser le principe de l'alternance au pouvoir, mais, peut-être, s'est-il produit en raison de l'existence d'un sentiment de «trahison» en provenance du fait, surtout, que les éléments ayant appartenu au FIS dissous aient été barrés des listes électorales par les autorités compétentes, aux dernières élections d'octobre 2002. Donc, tout faire pour «plaire» au FIS dissous. Et, c'est de là, justement, qu'est née l'idée de débaptiser le mouvement Ennahda pour réussir, à coup sûr, l'embrigadement du bloc islamiste demeuré réfractaire. A ce niveau, les deux protagonistes seraient d'accord sur ce chapitre, et ce, précisent d'autres sources, bien que le nom n'ait pas encore été choisi, question relativement «ordinaire» qui sera sûrement intégrée au programme, lors du congrès. Enfin, selon des observateurs avertis, les partis islamistes se distinguent par des comportements versatiles engendrés, sans doute, par le fait (atavique?) d'une méconnaissance ou d'une non-maîtrise «des formalismes» permettant d'adapter deux ou trois systèmes à la fois sans pour autant «nuire» aux fondements de la Nation. La dernière sortie médiatique du chef de l'état-major de l'Armée nationale populaire (ANP), le général de corps d'armée, Mohamed Lamari, relative notamment à la reconnaissance par cette institution du président élu, «même s'il est issu du courant islamiste» se voulait, à cet égard, apparemment, un message destiné beaucoup plus à souligner et à mettre en avant l'attitude de cette seule force organisée de la nation à vouloir se démarquer définitivement de l'échiquier politique, sans plus. Il semblerait que c'est la position indéfiniment «obstinée» et redondante des détracteurs, qui aurait «contraint» le général Mohamed Lamari à choisir des termes forts pour exprimer, «en gras», la position de l'institution militaire. De toute manière, ce que «les décodeurs» semblent «oublier» de dire ou d'expliquer, c'est que, si réellement il avait existé un personnel politique «efficace» capable de garantir une protection politique à cette armée, celle-ci n'aurait jamais interféré dans la gestion politique de la cité. Et c'est justement ce point fort qui renseignerait sur l'inexistence «d'antagonismes» entre El-Mouradia et les Tagarins, situation qui va encore permettre au Président Bouteflika d'être hissé tout en haut des cimes...