Selon des sources généralement bien informées, le leader du MSP, M. Nahnah, aurait contacté, jeudi dernier, MM.Djaballah et Adami, dans le but de leur proposer plus qu'une alliance, une fusion des trois formations. Notre source précise que MM.Djaballah et Nahnah auraient eu un long entretien téléphonique, dont la teneur n'a pas été divulguée. Quant au mouvement Ennahda, un cadre national aurait «déploré l'indisponibilité de M.Adami». Le bureau du MSP serait en train de préparer un mémorandum destiné à servir de «plate-forme à une conférence nationale islamiste, dans le but de créer, à partir des trois formations, un grand parti qui pourrait contrer une alliance laïco-moderniste qui est en train de s'installer autour du Président de la République», selon les termes du préambule. A en croire certaines sources concordantes, le leader du MSP obéit, dans cette démarche, à deux impératifs. Le premier, de stratégie interne, est une réaction de sauvegarde du projet de société islamiste, dangereusement menacé, dans son expression légaliste même, par la démarche résolument moderniste du gouvernement algérien et d'une classe politique de plus en plus en plus consciente de sa force. Le second impératif est lié à une instruction confidentielle de l'Internationale islamiste, diffusée à ses membres le 22 septembre, et préconisant «une conjugaison des forces islamistes nationales dans la perspective d'un affrontement entre les musulmans et les forces du mal», représentées par la coalition mondiale antiterroriste qui, séparant islam et musulman, du terrorisme proprement dit, n'en entretient pas moins l'amalgame facile entre islamisme et terrorisme. Le document de l'Internationale ferait allusion à des mesures de rétorsion contre les formations qui «entretiendraient la division des rangs pour des motivations personnelles de leadership ou des divergences de détail exégétiques». Mais quelles que soient les motivations de Nahnah et des autres leaders islamistes des formations légales en Algérie, un regroupement de leurs forces, outre qu'il est très difficile à réaliser du fait des ambitions des uns et des autres, ne serait viable que si les réformes politiques, économiques, sociales et culturelles initiées par le Président allaient dans le sens d'un projet de société rétrograde, ce qui ne semble absolument pas être le cas. Deux réformes, celle de l'école et celle de l'Etat, coupent l'herbe sous le pied de tout projet islamiste en en éliminant le vivier qui pourrait assurer la montée d'une relève parmi les générations grandissantes.