Une libération assortie d'un exil semble être la solution privilégiée par le pouvoir. Un important homme politique saoudien a intercédé, auprès du prince héritier Abdellah et auprès du Président algérien, Abdelaziz Bouteflika, en faveur de la libération de Ali Benhadj, actuellement détenu dans la prison militaire de Blida, a-t-on appris de source sûre. Cet inconnu politique - qui est aussi un grand homme d'affaires - justifie cette intercession par l'état de santé du prisonnier algérien, incarcéré depuis près de douze ans, et la capacité de l'Arabie Saoudite d'assagir cet irascible orateur de l'islamisme salafiste. En fait, ajoutent nos sources, ce sont certainement les puissants lobbies wahhabites qui s'agitent, et s'ils arrivent à maîtriser le trublion algérien, ils s'en sortiront grandis, après les accusations américaines qui les ont un tant soit peu, éclaboussés, les pointant du doigt comme étant des bailleurs de fonds idéologiques de l'action armée anti-américaine. Une libération assortie d'un exil semble être une solution très recherchée par le pouvoir, car connaissant la nature irascible et l'«ingérabilité» de l'homme, il y a fort à craindre que ce dernier ne reprenne, par le biais de ses prêches oppositionnistes à souhait, sa conduite radicale envers les autorités algériennes. Aussi, l'assigner à résidence, juste après sa libération, est très fort envisageable, bien que sur le plan du strict respect des libertés fondamentales, les autorités doivent s'attendre à être fustigées par les ONG et autres groupes de travail et lobbies humanitaires. Vu sous cet angle, le Président a, depuis longtemps, privilégié la première solution. C'est-à-dire libérer le prisonnier avant le terme de sa détention et assortir cette libération de conditions restrictives. Benhadj a déjà été mis au courant d'une pareille éventualité, et a déjà opposé une fin de non-recevoir à ceux qui venaient l'en persuader. Ayant déjà consommé la totalité de sa peine (moins cinq mois), il dit n'être à la merci de personne et n'avoir besoin de rien, que d'être remis en liberté, et avoir ses pleins droits civiques et politiques pour s'exprimer pleinement. A quelques mois de la fin juin 2003, et la présidentielle qui pointe à l'horizon, il y a fort à parier que la libération de Benhadj sera placée au centre de négociations serrées de part et d'autre, et aussi au centre de polémiques soutenues, eu égard au poids de l'homme dans la mouvance islamiste algérienne.