Des ébauches de solutions commencent à se cristalliser. Le palais royal, par la voix de la très officielle agence de presse marocaine, a mis en exergue les conditions dans lesquelles doit se dérouler le sommet entre Bouteflika et Mohammed VI. Le souverain marocain, lors de l'audience accordée vendredi à notre ministre des AE, indique cette source, confirmée par la conférence de presse animée le même jour par Abdelaziz Belkhadem, a indiqué que «cette rencontre est souhaitable afin d'aborder l'ensemble des sujets qui enveniment encore les relations entre les deux pays voisins et frères». Mohammed VI, plus conciliant que la plupart des membres de son gouvernement, et que certains de ses médias qui continuent d'accuser les autorités algériennes, a semblé abonder dans le sens développé par notre responsable de la diplomatie en précisant que «l'ensemble des sujets, déjà débattus avec le ministre algérien des Affaires étrangères, dégageant de grandes similitudes de vue entre les deux pays, doit être débattu afin de lever toutes les équivoques et relancer le processus d'édification de l'UMA sur des bases plus solides». Mohammed VI, en outre, a tenu à démentir certains sons de cloche faisant état de médiation américaine et/ou française entre les deux capitales. «Le sommet, a-t-il précisé, sans en indiquer la date (qui doit être définie d'un commun accord entre les services protocolaires des deux pays) ne devra pas se tenir hors du territoire de l'un des deux pays concernés, sans la présence d'aucune tierce partie.» Cette déclaration, non dénuée de bonnes intentions, n'en risque pas moins de renvoyer aux calendes grecques une rencontre devenue nécessaire pour le bien de toute la région. Si la bonne volonté algérienne et ses dispositions d'aller jusqu'au bout des discussions sans éluder le moindre sujet «tabou» sont omniprésentes, il en est allé tout autrement du côté du royaume chérifien. A sa sortie du palais royal, après sa rencontre avec le roi Mohammed VI, notre chef de la diplomatie, Abdelaziz Belkhadem, a maintenu le cap, tenant un discours positif et optimiste. «SM Mohammed VI m'a assuré, a-t-il indiqué dans une conférence de presse, qu'il compte rencontrer le Président Bouteflika assez prochainement et élaborer avec lui un agenda pour transcender les incompréhensions qui existent entre les deux pays.» A cette intention, dans laquelle le souverain marocain ne veut voir aucune médiation, ni arabe ni étrangère tel que rapporté hier par l'agence de presse marocaine, s'ajoute la mise en place de groupes de travail techniques dès la semaine prochaine chargés de se pencher sur l'ensemble des dossiers qui divisent encore les deux pays, tels que la fermeture des frontières, le trafic de stupéfiant, le terrorisme et, accessoirement, la question des frontières, quoique sur ce point précis la question ait déjà été réglée définitivement devant les plus hautes instances de l'ONU avec l'assentiment des deux parties concernées. Quant à la question du Sahara occidental, que Belkhadem n'a pas hésité à aborder tant avec les dirigeants marocains qu'avec la presse de Sa Majesté, notre pays demeure attaché à son statut de simple observateur onusien, privilégiant le règlement de cette affaire dans le respect du droit international sans que les principaux concernés, le peuple sahraoui en l'occurrence, en soient exclus. Cette position, qui déplaît tant aux autorités marocaines, risque de constituer la principale, sinon la seule, pierre d'achoppement dans la normalisation des relations entre les deux pays. Quant à la visite de Jettou à Alger, sur invitation de son homologue Ali Benflis, la confirmation de celle-ci a été annoncée hier par le porte-parole du gouvernement marocain.