«la responsabilité directe de l'Etat» est engagée. Le chef de la mission d'Amnesty International (AI) en Algérie, le Canadien Roger Clark, a indiqué jeudi dernier que «nous avons constaté une ouverture, une disponibilité et un esprit de dialogue de la part des autorités algériennes permettant à la société un plus grand débat et des discussions sur nos préoccupations en matière des droits humains». «Nous avons constaté une ouverture relative permettant à la société un plus grand débat et une discussion plus directe de nos préoccupations et senti de la part des autorités une volonté envers la transparence et la consolidation éventuelle de l'Etat de droit», ont déclaré les cinq membres d'une délégation d'Amnesty, lors d'une conférence de presse. La délégation a indiqué avoir rencontré des responsables des ministères de la Justice, de l'Intérieur, de l'Education, de la Commission nationale des Droits de l'Homme, des avocats et des victimes des abus. «Nous avons pu nous exprimer très directement, lors de ces rencontres au cours desquelles nous avons reçu des commentaires, sinon des réponses», ont expliqué des membres de cette délégation. S'agissant des dossiers brûlants de l'actualité, Amnesty a noté que le dossier des disparus n'a pas avancé. «Pour les familles de disparus aux mains des agents de l'Etat, ou enlevés par des groupes armés, la douleur continue». Mme Uta Simon a fait part de l'invitation lancée à cette ONG par le président de la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l'homme (Cncppdh), M.Farouk Ksentini, à effectuer une prochaine visite en Algérie, consacrée au dossier des «disparus». «Les autorités algériennes ont entamé un travail scientifique pour identifier les ossements des corps retrouvés dans des charniers», a-t-elle indiqué. Par ailleurs, M.Clark, qui «condamne, au nom d'AI, les actes de violence commis en Algérie, dont le dernier massacre perpétré dans la wilaya de Tipaza», regrette que les «tueries ne s'arrêtent pas». «L'impunité de ceux qui sont responsables de ces enlèvements et de ces tueries et des autres violations est aussi grave qu'avant, et elle restera jusqu'à ce que justice soit faite», ont martelé les membres d'AI. Au sujet de la torture, la délégation a parlé d'une «pratique toujours en vigueur en Algérie, d'une manière répandue et régulière». Est-ce à dire qu'elle est systématique? Mme Uta Simon répond en soulignant que «le recours à la torture est souvent pratiqué sur des personnes soupçonnées de liens avec les groupes armés» (terroristes, NDLR). «Les mauvais traitements persistent dans les lieux de détentions et d'arrestations», ajoutent les membres de cette ONG, sans plus de précision. La situation en Kabylie «reste grave» et «loin d'être résolue», notent-ils et «les enquêtes qui auraient dû donner suite aux travaux de la commission d'enquête indépendante» chargée de faire la lumière sur les émeutes «n'ont toujours pas eu lieu». Ils rappellent avoir appelé, en août 2001, les autorités algériennes à «passer à l'étape suivante», après les résultats de cette commission d'enquête, en traduisant devant la justice les membres des forces de sécurité responsables de meurtres. Hormis le jugement de l'assassin du jeune Massinissa Guermah et des informations officielles sur la traduction en justice de 23 gendarmes responsables de dépassements en Kabylie, rien n'a été fait, note-on encore. Pour Mme Uta, «il y a eu usage illégitime et abusif des armes à feu» dans cette région et «la responsabilité directe de l'Etat» est engagée. A propos de la justice militaire, Clark a fait savoir que «les autorités (lui) ont assuré que les tribunaux militaires sont ouverts aux médias et même à AI». Il précisera également que Amnesty International «ne reconnaît pas ceux qui ont utilisé la violence contre des détenus politiques et d'opinion». Les dernières visites de cette ONG en Algérie remontent à mai et novembre 2000, rappelle-t-on.