Le bureau fédéral de la FAF se réunit demain. Il devait le faire mercredi dernier mais la réunion a dû être reportée en raison de la grève de l'Ugta et de l'impossibilité de certains membres de la structure, habitant hors de la capitale, de pouvoir se déplacer. Ce conclave aura à débattre sur des thèmes très divers dont la prochaine AG de la FAF qui sera convoquée pour amender les statuts de l'instance et les règlements généraux, le programme des équipes nationales, l'organisation des championnats play-off des catégories de jeunes et la lutte contre la violence dans les stades. A ce sujet, il est plus que probable que Mohamed Bousouf, dit «Ammi Ahmed», célèbre officier de police, aujourd'hui à la retraite et versé dans, notamment, la canalisation des groupes de supporters, soit appelé à venir en parler. Ammi Ahmed fait d'ailleurs partie de la Ligue nationale de football dont il dirige la commission prévention et sécurité. Le paradoxe est que le bureau fédéral va débattre des moyens de lutter contre le phénomène au moment où il est acquis qu'il va se prononcer pour la levée de la suspension qui frappe les stades de Hadjout, de Biskra, de Tizi Ouzou et d'Oran, justement sanctionnés pour avoir été les théâtres d'émeutes qui ont même débordé au-delà de leurs enceintes. Il faut, pourtant, préciser que la structure dirigeante du football algérien si elle a inscrit, au dernier moment à son ordre du jour, le thème de la violence dans les stades, c'est parce que la dernière journée du championnat de la division 1, celle qui a eu lieu le lundi 24 février, s'est caractérisée par les débordements qui se sont produits dans et en dehors des stades du 20-Août de Belouizdad et de Zioui d'Hussein Dey à l'occasion, respectivement, des rencontres CRB-USMA et Nahd-RCK. Si on suit la logique que s'est donné le bureau fédéral selon laquelle il se montrait intransigeant quel que soit le rang occupé par le club incriminé et qu'il ferait preuve d'une extrême sévérité, les deux stades en question sont appelés à être, à leur tour, suspendus et leurs clubs-hôtes, le CRB et le Nahd, amenés à évoluer hors de chez eux et à huis clos. Toute autre décision allant dans le sens d'une peine moins contraignante sera assimilée à un recul du bureau fédéral et à l'affaiblissement de sa souveraineté. Il est incontestable qu'il est aujourd'hui entre le marteau et l'enclume. Il n'y a pas si longtemps, le ministre de la Jeunesse et des Sports, M.Aboubakr Benbouzid, avait affirmé qu'il fallait être strict dans la lutte contre le phénomène. Le MJS, le COA et Sonatrach ont d'ailleurs parrainé la journée du championnat de ce fameux et triste lundi pour en faire une journée antiviolence. On a vu de quelle manière leur message a été entendu à Belouizdad et à Hussein Dey. C'est plus qu'une gifle qu'ils ont reçue et avec eux la FAF et la LNF en tant que structures qui gèrent la discipline. Quelle sera, alors, la ligne de conduite du bureau fédéral ? Peut-il d'un côté suspendre (et c'est ce qu'il a à faire) deux stades tout en restant fidèle au principe qu'il a arrêté en matière de discipline et de lutte contre la violence et abroger la sanction qui frappe quatre autres terrains, sanction prononcée parce qu'il y a eu violence en leur sein et dans les périmètres avoisinants ? Le président Raouraoua et ses collègues vont devoir jongler avec les mots et les arguments s'ils viennent à tomber dans ce piège. Il apparaît que leur crédibilité en prendra un sacré coup car il s'avèrera que leur décision n'a pas été dictée par le souci de trouver la meilleure solution mais qu'ils ont dû se plier à certaines exigences qui n'ont peut-être rien à voir avec le sport. A partir de là, on pourra toujours se réunir et parler de violence dans les stades. Celle-ci ne sera certainement pas appelée à prendre fin. Il reste que si la suspension des stades est un moyen coercitif de cette violence, le meilleur des résultats ne sera obtenu qu'en s'attaquant aux sources du mal, à ses véritables causes.