On ne peut faire de business dans un environnement caractérisé par le flou total. Le forum d'El Moudjahid a accueilli, hier, le président de la Chambre française de commerce et d'industrie d'Algérie, installée dans notre pays depuis 1975. L'objet de cette conférence-débat était «de faire le point sur les relations économiques algéro-françaises, à ce jour». On les dit «en pleine expansion» notamment pour certains secteurs qui ont enregistré une hausse, en 2002, tels ceux de l'automobile (+15%), l'industrie pharmaceutique (+31%) et autres biens d'équipement (+28%). Les exportations françaises, vers l'Algérie, ont augmenté, de 1999 à 2002, de 60%. Le conférencier fera, d'abord, le tour et mentionnera la nature, avec leurs volumes respectifs, des différents investissements français en Algérie. C'est le cas de TotalfinaElf, premier investisseur français en Algérie, qui «en consortium avec le groupe espagnol Cepsa, a signé, le 10 juillet dernier avec Sonatrach, un nouveau contrat de recherche et d'exploration d'hydrocarbures portant sur un bloc situé sur le périmètre de Timimoun» et Gaz de France «qui a conclu début 2001, un accord pour l'exploration et le développement du champ gazier d'Ahnet, en association avec Sonatrach et la Cie malaisienne Petronas pour un programme d'investissement sur 5 ans de 2 Mds USD et la part de GDF de 25%.» En matière d'industrie pharmaceutique, il y a le groupe pharmaceutique Sanofi-Synthelabo ainsi que le laboratoire Aventis «qui a créé, en 1998, une société mixte avec le groupe pharmaceutique algérien Saïdal». A cela s'ajoutent les détergents «dont la filiale française de Henkel prévoit d'investir 18 millions d'euros pour la remise à niveau de trois unités de production de l'Enad, et la mise en place d'un programme de formation», l'automobile (Renault, Peugeot, Citroën..), en tant que réseau de distribution, avec des concessionnaires agréés, et l'agroalimentaire, avec, entre autres, Danone, qui «a signé en octobre 2001 un protocole d'accord portant sur une prise de participation majoritaire dans le capital de la société Djurdjura (51% du capital), principal producteur de yaourts en Algérie pour un montant de 28 millions d'euros». Alors qu'est ce qui fait que ces échanges, qualifiés souvent de privilégiés, se limitent à un volume si «faible» et, de surcroît, à des «petits sectaires»? Probablement par le fait que le marché algérien «délaissé par les grands groupes français est animé, essentiellement, par des PME-PMI, dont le nombre tourne autour de 4000 entités économiques qui, à elles seules, assurent 80% du flux d'échanges entre les deux pays». «Sur les 180 entreprises françaises installées en Algérie, trois quarts sont des PME-PMI». Aussi, en sus du fait que le marché national semble «délaissé par les grands groupes français», le gros des PME-PMI qui y activent, versent «globalement» dans le commerce et non dans l'investissement. La raison est, semble-t-il, les difficultés que certaines d'entre elles rencontrent. Lesquelles? «Il y a des difficultés à trouver des locaux, à des prix raisonnables et quand on trouve un siège, il n'y a pas, parfois, de lignes téléphoniques. Lorsque vous avez, enfin votre ligne, celle-ci ne fonctionne pas», dira le président de la chambre de commerce, avant d'ajouter: «Les lenteurs bureaucratiques, les banques qui ne jouent nullement leur rôle de banques, la non-rémunération de la matière grise (les services) et surtout l'absence de données statistiques ainsi que le flou qui caractérise l'environnement économiques et la législation changeante, sont des facteurs qui bloquent.»