L'autre solution, l'initiative de Genève visant à promouvoir la paix entre Israéliens et Palestiniens. Incontestablement, la paix fait peur à tous ceux qui, en Israël, ont fait carrière à l'ombre de la guerre, à commencer par le chef du gouvernement israélien, Ariel Sharon, farouche adversaire de toute initiative qui puisse aboutir à reconnaître aux Palestiniens leurs droits et à travailler à une paix équitable entre les deux communautés juive et arabe. En effet, discrètement élaborée par des personnalités israéliennes et palestiniennes, une initiative de paix dite «Initiative de Genève» commence à faire son chemin parmi les populations des deux communautés et, au plan international, reçoit les encouragements tels ceux du secrétaire général de l'ONU et des Etats-Unis. C'est la première fois qu'un plan de paix pour le Proche-Orient est mis au point en dehors du cadre officiel et, ce qui est remarquable, par des représentants de la société civile palestinienne et israélienne. Au moment où Sharon renforce les obstacles à la paix, -à l'instar de la construction du mur en Cisjordanie, ou l'agrément de colonies sauvages en Cisjordanie-, en revanche, des citoyens israéliens essaient, avec les Palestiniens, de travailler à trouver une solution consensuelle bénéfique pour les deux peuples. Alors que le président Arafat soutient implicitement cette initiative, -de fait trois Palestiniens, MM.Abdel Razak, Qassis et Farès, participant à ce projet de paix ont été promus ministres dans le gouvernement Ahmed Qorei-, le chef du gouvernement israélien Ariel Sharon a contrario condamne cette tentative appelant même «à lutter pour empêcher son adoption». C'est dire que pour Sharon la recherche des voies et moyens d'aboutir à une paix véritable au Proche-Orient ne fait pas partie de ses priorités lorsqu'il accentue la répression contre les Palestiniens et la destruction de leur patrimoine immobilier pour imposer la «paix israélienne». Ainsi, passant outre aux protestations internationales, Sharon a donné le feu vert pour la poursuite de la construction du mur. Un mur que le pape Jean-Paul II a condamné dimanche lorsqu'il a dit: «La construction d'un mur entre le peuple israélien et le peuple palestinien est vue par beaucoup de gens comme un nouvel obstacle sur la route conduisant à une cohabitation pacifique. En réalité, la Terre sainte n'a pas besoin de murs mais de ponts». Les deux promoteurs de «l'initiative de Genève» l'Israélien, Yossi Belein, et le Palestinien, Yasser Abed Rabbo, tous deux anciens ministres et anciens négociateurs de l'accord d'Oslo, font état de «l'appui» du secrétaire d'Etat américain, Colin Powell, au moment où le secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, estimait que cette initiative «méritait éloges et encouragements en tant que tentative courageuse de briser le statu quo des deux côtés». Par ailleurs, le ministre palestinien de la Planification, Nabil Qassis, l'un des participants à «l'initiative» a rencontré vendredi le secrétaire d'Etat américain adjoint, Richard Armitage, et l'émissaire américain pour le Proche-Orient, William Burns, auxquels il exposa le plan de paix israélo-palestinien. «Ils ont eu des rencontres constructives. Ils ont discuté de l'initiative de Genève et essentiellement de la façon dont elle peut aboutir à une paix entre Palestiniens et Israéliens et à mettre un terme aux violences», a déclaré Ahmed Daoud, un responsable au Palestine Média Center. L'avènement de ces hommes de bonne volonté, parmi les Palestiniens et les Israéliens, qui tentent de trouver les moyens de mettre un terme à la violence et de construire la paix ensemble, intervient au moment où la société israélienne vit un profond malaise, et met, de plus en plus, en doute l'orientation qu'a donnée Sharon au contentieux israélo-palestinien. C'est ainsi que, fait sans précédent, quatre anciens dirigeants du Shin beth, service de sécurité intérieur israélien, ont publiquement pris position contre l'occupation des territoires palestiniens. Cette évolution parmi la classe dirigeante israélienne induit un réel malaise dans une société qui commence à se rendre compte que Sharon a fermé une à une toutes les portes et passerelles de dialogue avec les Palestiniens. Par sa politique extrémiste Sharon commence ainsi à indisposer même ses plus sûrs soutiens, à l'instar des Etats-Unis qui s'irritent de plus en plus face de la poursuite des implantations de colonies sauvages dans les territoires palestiniens occupés. Des Palestiniens et des Israéliens veulent vivre côte à côte en paix, Sharon est-il seulement prêt à l'accepter? Il ne fait plus de doute que l'obstacle à la paix au Proche-Orient c'est bien le chef du gouvernement israélien. Et cela commence à se savoir.