Mettant à profit la situation induite par les menaces de guerre contre l'Irak, Israël redouble de férocité envers les Palestiniens. De nouvelles victimes palestiniennes sont tombées hier sous les coups de l'armée d'occupation israélienne. Israël a, ainsi, déclaré la guerre totale aux Palestiniens tirant profit de la situation prévalant dans le Golfe et des menaces de guerre qui en résulteraient. Outre d'avoir réoccupé, jeudi, plusieurs secteurs de la bande de Gaza, l'armée israélienne est passée à un autre stade de représailles en l'occurrence, à nouveau, l'assassinat ciblé. Une soixantaine de blindés et de chars se sont positionnés depuis jeudi dans les localités palestiniennes de Beit Lahia, de Beit Hanoun et autour du camp de réfugiés de Jabaliya qui a vécu l'enfer dans la nuit de jeudi à vendredi. Hier, l'armée israélienne avait de nouveau ouvert le feu sur de jeunes Palestiniens dont l'âge se situe entre 13 ans et 14 ans blessant vingt-cinq d'entre eux dont 5 grièvement, selon des sources médicales palestiniennes. Dans la même journée quatre autres Palestiniens ont été tués par des tirs de colons israéliens au nord de la Cisjordanie. Cependant, ce qu'il y a de nouveau, c'est cette volonté de faire le vide par une froide mise en application de l'assassinat ciblé. Hier, lors d'un raid d'hélicoptères l'armée israélienne a tué l'un des fondateurs du mouvement Hamas, Ibrahim Al-Makadmeh, et trois de ses gardes du corps. Commentant ce nouveau crime de l'armée d'occupation israélienne, un analyste militaire israélien déclarait à la radio de l'armée israélienne, que l'assassinat d'Al-Makadmeh, «marquait une nouvelle escalade dans la ‘'lutte engagée'' par l'armée israélienne dans la mesure où, désormais, les dirigeants du Hamas ayant des responsabilités politiques sont désormais visés et non pas seulement les chefs de la branche armée de l'organisation». Al-Makadmeh était le chef de la sécurité dans les territoires palestiniens du mouvement Hamas. A son tour, le Hamas a décrété, hier, que dorénavant, «toutes les options militaires sont ouvertes et la priorité est de prendre pour cible des dirigeants politiques sionistes». Si les territoires palestiniens occupés et l'Etat hébreu sont devenus un champ ouvert à toutes les options, c'est dû essentiellement et d'abord au terrorisme d'Etat, à l'assassinat politique et ciblé, qu'Israël a élevés au rang de stratégie militaire. Sans que cela mette en émoi des démocraties occidentales qui assistent indifférentes au génocide à ciel ouvert d'un peuple, d'autant que les dirigeants israéliens n'ont jamais caché leur intention de réduire la résistance du peuple palestinien par le fer et le feu jusqu'à lui imposer ses «normes» des «réserves» sous haute surveillance de l'armée en lieu et place de l'Etat palestinien dont l'érection se heurte au veto d'Israël. C'est sur ce fond d'impondérables et d'incertitudes que le président de l'Autorité palestinienne, Yasser Arafat, a réuni hier le Comité central de l'OLP (CC/OLP) pour, d'une part, procéder à un amendement de la Constitution, d'autre part à la désignation d'un Premier ministre comme le réclamait le quartette (ONU/UE/Russie/USA) dans la perspective de relance de la feuille de route devant, en principe, donner naissance, d'ici à 2005, à l'Etat palestinien. C'est donc sous la pression internationale, et un peu contraint, que le président Arafat a fini par accéder à cette demande récurrente. Le président du CC/OLP, Salim Zaanoun, avait indiqué, peu avant le début des travaux du CC/OLP, que, «après approbation (par l'instance dirigeante palestinienne) de la création du (poste de) Premier ministre», le président Arafat «proposera les domaines de compétence du futur Premier ministre, avant de (les) soumettre au Conseil législatif (CLP Parlement)» qui se réunira demain pour les valider. Yasser Arafat va proposer Mahmoud Abbas (Abou Mazen) secrétaire général de l'OLP à ce nouveau ministère. Toutefois, l'intéressé était très réservé quant à la nouvelle mission qui lui est proposée, faisant part de ses doutes au quotidien saoudien, Al Shark Al Awsat, paraissant à Londres, déclarant «Nous devons attendre que le principe (de créer le poste de Premier ministre) soit approuvé par le CC/OLP et le CLP et que les tâches et les prérogatives soient connues», et refusant, en tout état de cause, un poste «formel» qui ne soit pas «doté de prérogatives». L'Union européenne, dans un communiqué de la présidence grecque, avait fait savoir, vendredi, sa satisfaction quant à la désignation de Mahmoud Abbas qui passe pour un «modéré». Prévus pour deux jours, les travaux du CC/OLP devaient s'achever aujourd'hui par l'officialisation de la nomination de Abou Mazen au nouveau poste de Permier ministre.