Un plan d'actions annuel et un échéancier précis de coopération bilatérale seront soumis aux deux chefs d'Etat. Le président nigérian, Olesegun Obasanjo, sera aujourd'hui à Alger. Il présidera, aux côtés du Président Abdelaziz Bouteflika, les travaux de la haute commission bilatérale algéro-nigériane qui ont commencé il y a quelques jours au niveau des experts et des ministres des deux pays. Pour M.Abdelkader Messahel, ministre délégué, chargé des Relations maghrébines et africaines, la rencontre entre les deux chefs d'Etat, qui est d'abord «un sommet annuel structurel qui se tient tous les ans, une fois à Alger, une fois à Abuja», traitera de deux volets : la concertation politique et la coopération économique. Selon M.Messahel, le président Obasanjo est accompagné de pas moins d'une dizaine de minis- tres du secteur économique ainsi que celui des Affaires étrangères. Organisée en six groupes ou commissions de travail, la présente session (la deuxième) de la commission mixte algéro-nigériane, en phase ministérielle depuis avant-hier, soumettra aux deux chefs d'Etat, aux dires du ministre délégué, toute «une série de projets d'accords» avec pour finalité une codification du cadre juridique qui gèrera la coopération entre les deux pays. Il sera également question d'un plan d'actions annuel qui fixe les objectifs à réaliser avec un échéancier précis. Esquissant les priorités que les deux parties se sont fixées, M.Messahel a énuméré trois projets: d'abord, la finalisation du projet de la Transsaharienne ou du moins ce qui reste à faire. En effet, sur les 4600 km reliant Alger à Lagos, il y a déjà 4000 km qui sont réalisés et il ne reste que 300 km côté algérien pour atteindre la frontière du Niger et 300 autres côté nigérian pour faire la jonction entre les réseaux routiers des deux pays. A la fois projet structurant et régional raccordant l'Afrique du Nord à l'Afrique de l'Ouest, il permettra en outre à des pays comme le Mali, le Niger ou le Burkina Faso de sortir de leur enclavement par le Nord. Porteur à plus d'un titre de perspectives intéressantes pour les économies des deux pays, le marché nigérian composé de 120 millions de consommateurs peut capter beaucoup de produits algériens. Faut-il mentionner que sans Transsaharienne, l'Egypte arrive à engranger pas moins de 100 millions de dollars dans ses échanges commerciaux avec le Nigeria? D'ailleurs lors de la réunion d'Abuja les deux chefs d'Etat ont décidé la création d'un comité bilatéral de la Transsaharienne à la place de celui qui existait depuis 1963 et qui regroupait au total 7 pays. Quant au financement de cet important projet, il faut dire que celui-ci, de l'ordre de 50 millions de dollars pour réaliser surtout le tronçon se trouvant au Niger, intéresse surtout la Banque islamique de développement (BID), la Banque africaine de développement (BAD) et un fonds de l'Opep. Seconde priorité, le dossier du gazoduc algéro-nigérian au sujet duquel est programmée la signature d'un protocole d'accord entre Sonatrach et Nnpc, la compagnie pétrolière et de gaz nigériane. Un ambitieux projet qui permettra d'évacuer le gaz nigérian à travers les gazoducs algériens avec toutes ses retombées positives en termes de drainage des investissements pour les pays concernés. Enfin, le projet de la connexion en fibres optiques entre les deux pays où, là aussi, un probable protocole d'accord est en vue entre les deux partenaires. Outre ces trois principales priorités, des projets de coopération concernant l'agriculture, l'éducation, l'habitat ou la concertation politique sont également au programme de cette deuxième session de la haute commission mixte algéro-nigériane avec en parallèle une première rencontre de contact et d'échange entre hommes d'affaires et opérateurs économiques des deux pays qui ont l'ambition de créer un comité d'affaires entre eux. Enfin, il faut savoir que de l'avis de M.Messahel, «toute la relation entre Alger et Abuja telle qu'elle est aujourd'hui vécue, est fondée sur le partenariat interafricain»,c'est-à-dire qui s'inscrit dans le vaste cadre continental du Népad.