Dans l'état d'avancement du dossier, il est évident que les indécis sont plutôt nombreux. Ce qui apparaît comme un historique bras de fer franco-américain, autour de l'utilisation de la force contre l'Irak, n'en engage pas moins un minimum de quinze nations, siégeant actuellement au Conseil de sécurité. Outre les membres permanents, au nombre de cinq, qui sont les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, la France; la Chine et la Russie, cette instance suprême de l'ONU compte en son sein 9 autres membres non permanents. Il s'agit de l'Allemagne, de la Guinée, du Mexique, du Pakistan, de l'Espagne, de la Syrie, de l'Angola, de la Bulgarie, du Cameroun et du Chili. L'essentiel de la guerre diplomatique qui bat son plein entre les partisans de la paix et les va-t-en-guerre a lieu dans ce cercle restreint. Les Etats-Unis et l'Angleterre, noyau dur de ceux qui veulent une guerre à tout prix, tentent, ces derniers temps, de rallier à leur cause un maximum de voix leur permettant d'imposer une résolution qui donnerait un ultimatum à l'Irak, au-delà duquel une frappe militaire serait inévitable. Ces deux pays ont déjà convaincu nombre de nations de par le monde. Cependant, ce qui est important dans pareil cas de figure, c'est d'arriver à convaincre un minimum de 9 membres du Conseil de sécurité. Or, hormis l'allié de toujours, l'Angleterre ainsi que l'Espagne et la Bulgarie qui ont ouvertement annoncé la couleur, les autres membres donnent l'impression de ne pas encore être acquis au camp anglo-américain. Aussi, les ministres des Affaires étrangères américain et britannique multiplient-ils les visites aux chefs d'Etat membres du Conseil, histoire d'avoir leur aval pour déclarer la guerre à l'Irak. Par ailleurs, l'on compte trois pays, et non des moindres, puisque membres permanents de ce même Conseil (la France, la Chine et la Russie) qui sont farouchement contre la logique US. Ceux qu'on qualifie de colombes par opposition aux faucons que sont les Américains et les Anglais, usent de la même démarche diplomatique dans le but d'amener les 9 petits pays à voter contre la résolution proposée par les Etats-Unis. La Syrie est l'un des rares pays à avoir fait connaître son intention de voter contre la guerre en Irak. Dans l'état d'avancement du dossier, il est évident que les indécis sont plutôt nombreux. Hormis le Pakistan qui a opté pour l'abstention, les autres membres attendent de voir l'évolution du bras de fer franco-américain. C'est ainsi que l'Angola, le Cameroun et le Chili se contentent de recevoir les envoyés spéciaux de Chirac, Bush et Blair, sans donner une réponse définitive. Ces pays là sont donc soumis à une pression jamais exercée dans l'histoire des Nations unies. En dehors de ce petit cercle, autour duquel se joue l'avenir du monde, la quasi-totalité des organisations régionales s'est prononcée sur cet événement planétaire. L'Union européenne, la Ligue arabe, les Non-alignés et l'Organisation de la conférence islamique ont tous tenu des réunions au sommet. Or, l'on a constaté que partout, il n'y a pas eu d'unanimité, pour aucune des deux options. Les Arabes ont été les premiers à ouvrir le bal de la division. En effet, lors de la réunion de la Ligue arabe, Libyens et Saoudiens se sont violemment accrochés. Le même scénario s'est reproduit entre Irakiens et Koweïtiens en plein sommet de l'Organisation de la conférence islamique. En fait, le climat délétère qui caractérise le Conseil de sécurité reflète assez bien l'état d'esprit de la communauté internationale, divisée en deux groupes de pays farouchement opposés l'un à l'autre et entourés par une majorité de nations indécises, en attente de voir qui va l'emporter. L'autre acteur important de cette guerre annoncée est l'opinion publique. Celle-ci a considérablement mis à mal le Premier ministre anglais qui fait face depuis quelques jours à une véritable crise politique avec des démissions en cascade dans sa majorité. De plus, au sein même des Etats-Unis, les antiguerre gagnent de plus en plus de terrain et risquent de poser de sérieux problèmes à George W.Bush. Les jours qui viennent seront déterminants dans l'évolution du rapport de force entre les colombes et les faucons. Les premières ont les peuples avec elles, alors que les seconds ont l'argent dans leur camp.