Washington finalise sa préparation guerrière, faisant peu cas des oppositions à un conflit aux conséquences redoutables. Un leitmotiv, abattre Saddam Hussein, meut présentement les faucons et l'Administration Bush qui n'entendent pas dévier de leur stratégie actuelle, toute tendue vers la guerre, quitte à engendrer une tragédie humanitaire sans précédent dans l'histoire moderne. Les Etats-Unis tiennent à leur guerre, et les débats au Conseil de sécurité, qui confinent aux comptes d'épiciers, en attestent. De fait, pour imposer son nouvel impérialisme, une guerre contre l'Irak est aujourd'hui, non pas inévitable, mais incontournable selon les plans et projets que l'Administration Bush échafaude pour la mise du monde sous l'hégémonie américaine. Et il ne fait pas de doute que du moment que la «sécurité nationale des Etats-Unis», -comme le montre assez la nouvelle stratégie pour la «sécurité nationale» présentée, en septembre 2001, par la Maison-Blanche-, entre en jeu, rien ne fera détourner les va-t-en guerre de Washington d'aller au bout de leur détermination en Irak. L'intensification des préparatifs militaires, le rassemblement d'une impressionnante armada dans le Golfe sont là pour dire que l'empire n'est pas prêt à composer lorsque toute sa stratégie de mainmise sur le monde repose sur la finalité de la guerre imposée à l'Irak. Hier encore, des sous-marins lanceurs de missiles ont franchi le canal de Suez, venant de la Méditerranée, pour aller renforcer une armée, fusils au pied qui n'attend plus que le signe de Washington pour déverser un déluge de feu sur Bagdad et les agglomérations irakiennes. Selon les propres déclarations de responsables américains, Washington a l'intention de «larguer 3 000 bombes en 48 heures, dont 80% téléguidées». C'est le grand jeu, comparé à ce qui a été fait en 1991, lorsque les Etats-Unis avaient lâché 450 missiles Tomahawk sur l'Irak. C'est dire qu'il n'est plus question de seulement désarmer, il faut détruire en faisant une démonstration de force, qui tout en annihilant toute velléité de résistance de la part des Irakiens, fera prendre option à Washington sur la région. Les politiques américains ne déclarent-ils pas officiellement qu'ils occuperont l'Irak et qu'ils remodèleront la carte du Moyen-Orient? De fait, une guerre contre l'Irak poursuit un triple objectif: éliminer Saddam Hussein et son régime, anéantir l'armement lourd irakien, mettre le monde devant le fait accompli impérial. Les Etats-Unis, ne cédant pas aux exhortations appelant à un désarmement pacifique de l'Irak, ne veulent pas entendre d'autres alternatives à la guerre. De fait, méprisant les opinions contraires, arrogants, les faucons, entourant le président Bush, regardent le monde de haut, s'attendant sans doute à ce que tous plient devant la puissance de l'empire. Au Conseil de sécurité, le débat sur la deuxième résolution, présentée par les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et l'Espagne, en est devenu à tout le moins académique, Washington ne voulant entendre rien d'autre qu'un oui à l'action qu'elle a programmée contre l'Irak. Pour les Américains, la décision de la guerre est irréversible. S'ils ne peuvent pas la faire sous les couleurs de la légalité internationale, il sont prêts à prendre la responsabilité de se passer de la caution des Nations unies et de la communauté internationale, lesquelles dans leur écrasante majorité sont opposées à la guerre, d'autant plus que celle-ci, dans les conditions actuelles, n'est guère justifiée au moment où l'Irak coopère activement à son désarmement. Même si Londres, acculé par son opinion publique, -opposée à la guerre-, jette du lest, estimant que la date butoir du 17 mars est négociable «sous certaines conditions» (au nombre de six comme énuméré par l'ambassadeur britannique auprès de l'ONU, Jeremy Greenstock), ce n'est pas l'avis de Washington, dont l'ambassadeur, auprès de l'ONU, John Nagroponte, a réitéré, mercredi, (à huis clos à ses collègues du Conseil de sécurité), que «la date limite du 17 mars tenait» pour le «désarmement» de l'Irak, comme l'ont rapporté plusieurs diplomates. Les Etats-Unis, qui ont massé plus de 250.000 soldats aux frontières de l'Irak, s'impatientent et ne veulent plus différer leur offensive contre ce pays. Washington impose ainsi à la collectivité internationale, une guerre qui n'est ni celle des Nations unies ni celle de la communauté internationale, qui ont clairement fait connaître leur opposition. La guerre programmée contre l'Irak est, de fait, une guerre des seuls Etats-Unis, dans le seul intérêt des Etats-Unis.