Le ministre d'Etat, ministre des Affaires étrangères, Abdelaziz Belkhadem, a profité de son séjour sur le sol portugais, pays allié des Etats-Unis dans la campagne d'acharnement contre l'Irak, lundi dernier, pour soutenir qu'«une intervention militaire en Irak sans mandat de l'ONU n'a pas de légitimité internationale». Intervenant à Lisbonne à l'issue d'un entretien avec son homologue portugais, Antonio Martins da Cruz, M.Belkhadem a ajouté lors d'une conférence de presse commune avec le chef de la diplomatie portugaise: «Bien sûr il n'est pas question de parler de légitimité internationale si la décision d'attaquer l'Irak est prise en dehors d'une résolution du Conseil de sécurité.» L'Algérie et le Portugal ont constaté l'étendue de leurs divergences sur la question irakienne. Le Portugal a organisé le sommet atlantique aux Açores, qui a réuni dimanche dernier, les dirigeants américain, britannique et espagnol. «La crise de l'Irak ne séparera pas le Portugal du monde arabe et musulman», a assuré M.Martins da Cruz. «Nous n'allons pas dégrader et compromettre nos relations avec le monde arabe», a-t-il ajouté. Il est à signaler que l'Algérie et le Portugal sont convenus d'une «relance tous azimuts» de leur coopération bilatérale et veulent finaliser d'ici à la fin mars, deux accords sur la double imposition et la protection des investissements, a indiqué M.Belkhadem. Le président portugais, Jorge Sampaio, doit se rendre début avril à Alger sur invitation de son homologue algérien, Abdelaziz Bouteflika. Dimanche dernier, la porte-parole du gouvernement, la ministre de la Communication et de la Culture, Khalida Toumi, a déclaré que l'Algérie «soutient et encourage tous les efforts pour un règlement du problème irakien par les moyens pacifiques». L'Algérie milite pour «un règlement dans le cadre de la légalité internationale sous l'égide des Nations unies», a ajouté Mme Toumi lors d'un point de presse à Alger. Elle a précisé que «le peuple irakien, qui n'est pas dupe, connaît très bien les pays qui le soutiennent, qui défendent le droit des peuples et l'Algérie n'a jamais failli à ses principes». Par ailleurs, le Président Bouteflika a été invité lundi dernier par son homologue français, Jacques Chirac, à prendre part à un sommet informel à la veille du sommet du G8, le 1er juin prochain à Evian (centre-est de la France). Le Nepad, «dont les modalités d'organisation restent encore à définir», mais également la question de la guerre contre l'Irak et ses implications sur l'équilibre géopolitique mondial, seront les thèmes sur lesquels vont se focaliser les débats de ce sommet du G8. L'Algérie participera à ce forum alors qu'elle vient de donner un tour de vis à la solidarité avec la France qui coordonne le front mondial, hostile à une attaque militaire de l'Irak en dehors de la légalité internationale. Elle est également considérée comme un Etat pivot dans la région du Maghreb par les stratèges US. Ces éléments ne manqueront pas de peser de tout leur poids pour tempérer les ardeurs hégémoniques des USA.