Moscou, Damas et Téhéran dans l'oeil du cycloneoe Cette nouvelle escalade intervient au moment où de graves incidents ont eu lieu dans l'ouest de l'Irak et que la situation semble dégénérer entre les coalisés, d'une part, et l'Iran et la Syrie d'autre part. Les risques d'extension du conflit vers d'au- tres régions du monde se précisent donc de plus en plus. Comme rapporté dans notre édition d'hier, une vive tension s'est fait jour entre Moscou et Washington. La Russie est accusée d'avoir vendu des armes sophistiquées aux Irakiens mettant en danger la vie des soldats de la coalition, et même d'aider l'armée irakienne dans ses combats contre les raids qu'elle subit continuellement. Cette accusation, formulée par une source militaire anonyme dimanche, a été reprise hier officiellement par la Maison-Blanche. Cela annonce une escalade très grave entre les USA et l'ancienne superpuissance du Bloc de l'Est. Cela, au moment où Moscou a de nouveau démenti ces «assertions», demandant de nouveau l'arrêt de cette guerre et souhaitant une «réunion urgente» du Conseil de sécurité. Une démarche qui risque, à terme, de contrecarrer grandement le plan des Américains et de leurs alliés britanniques dans la région du Golfe. La Russie, qui a toujours milité pour un règlement pacifique de cette crise, sous les auspices des institutions internationales, a également refusé le gel des avoirs irakiens détenus par elle ainsi que l'expulsion de ses diplomates et la dénonciation des contrats pétroliers signés entre Moscou et Bagdad. Dans le même temps, la Turquie, avec l'accord des Américains et l'aide de quelques groupes héliportés, serait sur le point d'ouvrir le front du nord. Une initiative qui n'est pas du tout au goût de Tony Blair qui a déclaré «inacceptable» cette «intrusion», alors que Bruxelles a annoncé que «l'adhésion de la Turquie à l'UE est sérieusement compromise à la suite de cette nouvelle escalade». Les prises de bec entre la Russie et les USA, qui continuent d'aller crescendo, menacent, à terme, d'ouvrir de nouveaux fronts dans cette guerre dont les conséquences sur la région et sur l'Europe de l'Est n'ont pas encore dit leur dernier mot tel qu'estimé par de nombreux experts en la matière. Cela paraît d'autant plus vrai que le ton vient également de monter entre les coalisés d'un côté et la Syrie et l'Iran de l'autre. L'Iran a déjà protesté pour les nombreux missiles tombés sur son sol et qui auraient même fait quelques blessés parmi les populations civiles. Téhéran a durci encore plus le ton hier en menaçant de riposter désormais contre toute violation de son espace aérien. La Syrie, de son côté, a convoqué, hier, les ambassadeurs américain et britannique pour protester officiellement contre un incident survenu hier dans l'ouest de l'Irak. Les coalisés, apprend-on, ont pris pour cible un bus civil qui rapatriait des ressortissants syriens en en tuant six et en en blessant 10 autres. La «guerre chirurgicale» de l'Oncle Sam et de ses alliés, imperceptiblement, est en train de se transformer en un conflit planétaire s'il n'y est pas fait bon ordre dès à présent.