Ce gang est constitué essentiellement d'Algériens, de Franco-Algériens et de Français convertis à l'islam. C'est l'un des groupes terroristes les plus actifs en Europe. Les services spéciaux français ont eu beaucoup de problèmes avec ce groupe hyper entraîné et qui jouissait d'une mobilité extraordinaire. Ce procès, qui s'est ouvert hier à la Cour d'assises de Douai (nord) sous haute surveillance policière, va certainement éclairer des zones d'ombre, à savoir les séries d'attaques contre les transports de fonds, le recrutement des «moudjahidine» parmi les clandestins et le trafic d'armes d'assaut - qui ont servi en Bosnie - vers l'Europe puis différents pays notamment l'Algérie. En attendant de mettre la main sur le Français Lionel Dumont, disparu de la prison de Sarajevo et Seddik Ben Baghlouli, les deux ayant été jugés par contumace, trois membres du «gang de Roubaix» Mouloud Bouguellan (31 ans), Omar Zemmiri (35) et Hocine Bendaoui (24), doivent répondre aux chefs d'inculpation d'attaque à main armée et de tentative d'attentat dans le nord de la France. Ces trois Français d'origine algérienne sont les rescapés d'un groupe dont la police française n'a pu identifier que dix travaillant sous le commandement de Christophe Caze, un Français étudiant en médecine, tué à la frontière belge. En effet, après une série de braquages sanglants à Lille dont les butins ont été redistribués aux différents réseaux, le groupe est passé à une étape supérieure. En mars 1996, à la veille du sommet du G7 à Lille, le groupe aurait préparé trois voitures piégées pour faire sauter le commissariat central. La méthode ressemblait à celle du GIA, de Rachid Ramda responsable des attentats du RER parisien: trois bonbonnes de gaz qui n'ont pas explosé. Cet attentat raté a donné lieu à une vraie «guérilla urbaine». Un accrochage à l'arme automatique avait duré plus d'une heure, du jamais-vu dans la région lilloise. Les services de sécurité français ont pu mettre hors d'état de nuire quatre éléments du groupe, morts carbonisés dans les décombres de la maison incendiée. Depuis, certaines langues se sont déliées. On murmurait déjà l'existence d'un lien étroit entre ce groupe et les réseaux de trafic de drogue qui, en fait, servaient en même temps à financer les réseaux terroristes dans le monde et plus particulièrement en Algérie. Selon des sources concordantes à Lille même, des mouvements intenses de membres du GIA installés en Belgique et en Hollande ont été constatés. Nos sources affirment que ces déplacements avaient pour objectif les liaisons avec les groupes armés en Algérie. Lille, à la frontière franco-belge, est devenue la plaque tournante d'une filière spécialisée dans le financement des activités terroristes. La coalition mondiale antiterroriste qui se met en place va certainement obliger la justice française à aborder les procès des différents réseaux, avec une autre vision. Les liens, presque établis entre le groupe de Roubaix, celui de Fatah Kamel et Ahmed Ressam arrêtés aux Etats-Unis, donneront une autre dimension aux débats du prétoire qui s'annoncent chauds.